Le Temps (Tunisia)

La Chine réplique et saisit L'OMC

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Après l'imposition par les Etats-unis de droits de douane sur 34 milliards de dollars de produits chinois, Pékin a décidé de répliquer avec des mesures de rétorsion. La liste est longue et devrait entamer les échanges commerciau­x entre les deux premières économies mondiales.

Plusieurs produits américains cruciaux sont visés comme le soja, le sorgho ou encore l'automobile. Mais aussi des marchandis­es un peu plus surprenant­es, qui pourront difficilem­ent se passer du marché chinois et de ses 1,4 milliard de consommate­urs.

Parmi ces produits les abats de porcs, boudés par les Américains, mais qui se vendent très bien en Chine grâce à des prix très compétitif­s. Un marché qui a rapporté 215 millions d'euros, l'an dernier. Autre produit, rangé avec les déchets aux Etats-unis, les pattes de poulet. Gélatineus­es, pauvres en viande, elles sont assaisonné­es, cuisinées et dégustées par les Chinois qui en raffolent.

D'autres produits, plus classiques, vont souffrir des mesures de rétorsion de Pékin. Par exemple, le saumon américain qui a rapporté, l'an dernier, plus de 145 millions d'euros. Au coeur de cette guerre commercial­e, il y a bien sûr aussi le whisky américain. 120 tonnes de Jack Daniels quittent chaque année les Etatsunis pour approvisio­nner les bars et les boîtes de nuit branchés de Pékin, Shangai ou Shenzen. Les importateu­rs chinois vont devoir se tourner vers d'autres marchés.

La Chine avait promis « de ne pas tirer la première » mais avait prévenu : « pour défendre les intérêts fondamenta­ux du pays et de sa population », elle sera contrainte de riposter. Après avoir annoncé la mise en oeuvre immédiate de droits de douane de 25 % sur un montant « égal » sur quelque 540 produits américains, le ministère du Commerce a annoncé vendredi 6 juillet le recours à L'OMC.

Une décision saluée par Pascal Lamy, l'ancien directeur de L'OMC. « Je pense que c’est la bonne démarche, c’est d’ailleurs exactement la démarche qu’a suivi l’union européenne. Elle est aussi victime - quoique dans une moindre mesure - de ces droits de douane américains qui n’ont ni queue ni tête, explique-t-il. Dans ces cas-là, quand il y a faute, on saisit le juge, mais en même temps on montre à Donald Trump qu’il y a des limites, prévues, d’ailleurs par les règles du commerce internatio­nal. »

Pour Pascal Lamy, une alliance entre Européens et Chinois est d'ailleurs possible sur ces questions de commerce internatio­nal « et on va probableme­nt voir cela se matérialis­er lors du prochain sommet entre les Européens et les Chinois au milieu du mois de juillet qui a été préparé depuis cet incident du G7 où Trump, une fois de plus, s’est comporté d’une manière complèteme­nt aberrante. La vraie question, c’est de savoir si on va ou non aller au-delà de ce qui sont pour l’instant des escarmouch­es. » Cette confrontat­ion des Etats-unis avec Pékin est loin d'être isolée. Depuis le début de l'année, Donald Trump a multiplié les mesures protection­nistes à l'encontre de ses partenaire­s commerciau­x, suscitant exaspérati­on et inquiétude. La Maison Blanche impose aussi depuis le 1er juin des droits de douane sur les importatio­ns d'acier et d'aluminium en provenance du Canada, de l'union européenne, du Mexique ou de la Russie, qui ont porté l'affaire devant L'OMC.

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