Fadhel Jaibi et Jalila Baccar ouvrent le bal avec « Peur »
Fidèle à sa réputation, le Festival international d’hammamet promet de s’investir davantage dans la promotion d’artistes tout en restant exigeant. Sa scène servira de lieu d’évasion pour les spectateurs et de fusions artistiques : elle rassemblera plusieurs disciplines danse, musique du monde, théâtre, poésie et cinéma rendant sa programmation éclectique à souhait.
Spectacles dirigés par plus d’une quarantaine d’artistes mettront à l’honneur la création tunisienne. Le 4ème art est particulièrement présent cette année et occupera une place prépondérante durant la première semaine des festivités. Après leur spectacle Junun (2002) et Amnesia en 2010, Fadhel Jaibi et Jalila Baccar ouvrent le bal lors de la soirée d’ouverture avec « Peur », 2ème opus d’une trilogie sur la société tunisienne, où l’on retrouve Violence(s). Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi y posent un regard sans concession sur ce qu’il est advenu de leurs espoirs nés lors de la révolution de 2011. Dans un décor sombre et inquiétant, à partir d’un texte puissant, né d’improvisations, les Fatma Ben Saïdane, Ramzi Azayez, Noomen Hamda, Lobna Mlika, Aymen Mejri, Nesrine Mouelhi, Ahmed Taha Hamrouni, Mouïn Moumni, Marwa Mannaï livrent un spectacle dont on ne ressort pas indemne tant les comédiens portent en eux la fièvre et la colère. Surpris par une tempête d’une intensité exceptionnelle, un campement de jeunes scouts accompagnés de
vétérans est enseveli sous les dunes de sable. Neuf rescapés en perdition se réfugient dans un ancien hôpital en ruines, fuyant la menace des vents. Ils ont traversé champs et villages enfoncés dans le brouillard des tornades et découvrent en se réfugiant dans ce lieu de fortune que deux de leurs compagnons manquent à l’appel. Deux éclaireurs téméraires s’aventurent dehors. L’un d’eux revient bredouille et l’autre disparaît à son tour. Prisonniers des sables et du froid, leur séjour dans ces ruines devient intenable. Tout vient à manquer sauf l’humour, l’angoisse, la peur et l’impossibilité de sortir sans disparaitre à leur tour. Jalila Baccar a choisi de mettre ses personnages face à une tempête exceptionnelle, dans un lieu fermé qui respire la mort. A travers des dialogues entre les personnages, le spectateur se rend compte des thématiques abordées à travers la pièce – le despotisme, l’égalité entre femme et homme, l’opportunisme et autres problèmes de la société tunisienne.