Le Temps (Tunisia)

L’important, c’est la rose…

- Samia HARRAR

Tout est affaire de symboles. A partir de là, on peut discuter. A condition que l’on s’entende sur l’essentiel…

Non, un drapeau n’est pas un bout de tissu qui flotte au gré de tous les vents et qui se met piteusemen­t en berne à chaque fois qu’il y a une tempête qui passe à proximité.

Non, la patrie n’est pas un nom sans âme, qui ne fait pas résonance, et que l’on peut remiser dans un placard, comme un chiffon inutile ou le jeter au rebus, comme un objet dépareillé, quitte à l’arborer comme un trophée, lorsque nécessité est de mise avant de le jeter à nouveau, négligemme­nt, par-dessus son épaule, lorsque les cors et fanfares seront passés. Non, le pays n’est pas à vendre, cela il ne faut pas l’oublier. Parce qu’un pays c’est une mémoire. Un pays c’est une Histoire. Un pays c’est tous ceux qui dorment dans ses entrailles et qui en constituen­t aujourd’hui la sève, par-delà toute finitude, parce qu’un jour ils sont tombés pour lui, et pour que ceux qui forment encore le corps du vivant puissent vivre avec dignité sur la terre de leurs ancêtres, sans trembler qu’il y ait un séisme, qui vienne tout renverser, et les ravaler au rang d’esclaves.

Un pays, une patrie, un drapeau, c’est d’abord et avant toute chose, le sang de nos martyrs. Ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui. Et ceux qui savent que demain, ils seront peut-être les prochains sur la liste, et offrent pourtant leur poitrine aux balles, sans hésiter. Pour que jamais, leur drapeau ne soit mis en berne. Et pour que nul ne soit obligé, dans ce pays qui en a vu d’autres, d’abdiquer de sa dignité. De ce qu’il en reste ?

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