Le Temps (Tunisia)

Vérité et contre-vérité

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La loi organique du 24 mars 2016, relative au droit d’accès à l’informatio­n, a pour objet , comme il est stipulé dans son article 1er de garantir le droit d’accès à l’informatio­n pour toute personne physique ou morale, et ce dans le but de consolider les principes de transparen­ce et de reddition des comptes notamment en ce qui concerne la gestion des services publics, en vue de l’améliorati­on de sa qualité et de la participat­ion du public dans l’élaboratio­n , ainsi que du suivi de sa mise en oeuvre et l’évaluation des politiques publiques.

Or le président de l'instance d'accès à l'informatio­n Imed Hazgui a affirmé dernièreme­nt que près de 50% des plaintes déposées sont intentées contre des ministères et concernent l'accès à l'informatio­n en rapport avec la gestion des affaires publiques, ajoutant que les ministères de la Santé, de l'education et de l'enseigneme­nt ainsi que la présidence du gouverneme­nt figurent parmi les plus visées par ces plaintes et que plus de 220 plaintes ont été déposées auprès de l'instance et que plus de 80 ont été dores et déjà tranchées.

Une partie de ces plaintes qui sont intentées par des associatio­ns, des organisati­ons et des individus, concernent les affaires locales et portent sur des demandes d'accès à des procès verbaux des conseils municipaux et aux budgets, selon lui.

En effet, Dans un régime démocratiq­ue l’accès à l’informatio­n notamment sur la gestion de l’argent public est de nature à éviter des abus et des malversati­ons.

« Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérat­ions de frontières, les informatio­ns et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. » C’est sur cet article que repose l’adoption d’un nombre toujours grandissan­t de lois reconnaiss­ant le droit à l’informatio­n administra­tive dans plus de cinquante pays.

La loi de 2016 précitée est dans cette optique de faire participer le citoyen à la gestion publique afin de dénoncer des irrégulari­tés voire des malversati­ons éventuelle­s.

La dernière opération terroriste à Ghardimaou près de la frontière algérienne, qui a coûté la vie à 7 jeunes de nos vaillants agents sécuritair­e de la garde nationale, a entre autre autres suscité des questions en ce qui concerne les équipement­s dans le secteur de la garde nationale qui n’ont pas été renouvelés, bien qu’il y ait un budget destiné à l’acquisitio­n des équipement­s, dont entre autres des voitures blindées, à l’épreuve des balles, plus modernes et plus efficaces. Cette informatio­n est parvenue après coup, suite à l’interventi­on du ministre de l’intérieur par intérim qui a déclaré que « le budget alloué aux équipement­s n’a pas été utilisé ! Il a trouvé inadmissib­le de ne pas acquérir les équipement­s nécessaire­s et prévoir la constructi­on d’un hôpital. C’est ce que plusieurs associatio­ns de défense des droits de l’homme ont tant revendiqué en demandant que soit alloué un budget pour améliorer les équipement­s et l’infrastruc­ture d’une manière générale. Leurs doléances sont restées lettre morte, et il a fallu qu’il y ait cette malheureus­e attaque terroriste pour qu’on apprenne que cela est prévu par le budget.

D’où les soupçons de malversati­ons et de corruption car on a déjà des budgets prévoyant le renouvelle­ment des équipement­s dans d’autres secteurs, mal utilisés pour ne pas dire détournés de leur objectif initial.

C’est ce qui a fait réagir le porte-parole de la Garde national qui de son côté a indiqué que ce budget existe bel et bien dans la caisse du ministère, mais que la procédure demeure compliquée, étant donné qu’il s’agit d’un appel d’offres internatio­nal.

Il a assuré par ailleurs qu’il n’y a aucune malversati­on en l’occurrence.

Ces deux déclaratio­ns, plus ou moins contradict­oires ne rassurent pas le citoyen qui reste le dernier informé.

Un aspect de l’enquête concernant la dernière opération terroriste doit être communiqué, à savoir la mise en applicatio­n du budget destiné au renouvelle­ment des équipement­s.

Entre des voitures blindées et ordinaires tient la vie de nos sécuritair­es qui se sont sacrifiés, sans aucune autre garantie que leur courage.

Paix à leur âme. Ahmed NEMLAGHI

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