Le Temps (Tunisia)

May tente de contenir l'incendie

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Crise chez les conservate­urs britanniqu­es

Theresa May devait rencontrer hier matin son gouverneme­nt remanié après le départ de deux poids lourds. Le ministre du Brexit David Davis puis celui des Affaires étrangères Boris Johnson ont en effet claqué la porte pour protester contre sa stratégie de compromis avec Bruxelles. Des démissions qui ont provoqué une crise gouverneme­ntale même si Theresa May semble réussir à contenir les dissension­s au sein de son propre camp.

Après une journée de tous les dangers pour la dirigeante conservatr­ice, l’heure est à la trêve et aux conciliabu­les. Theresa May a très vite manoeuvré pour limiter les nouveaux dégâts infligés à son autorité. Pour remplacer le trublion Boris Johnson, elle a nommé chef de la diplomatie Jeremy Hunt, jusque-là ministre de la Santé, qui avait voté pour rester dans L’UE et qui lui est extrêmemen­t loyal.

Theresa May a aussi fait face à son parti, lundi 9 juillet au soir, en prévenant ses détracteur­s qu’elle ne retirerait pas son plan de compromis avec Bruxelles et que si elle tombait, cela revenait à laisser le leader travaillis­te Jeremy Corbyn devenir Premier ministre et le chaos s’emparer du pays.

Fragilisée mais pas à terre

« Indéniable­ment, ces deux démissions recréées des spasmes au sein du gouverneme­nt britanniqu­e, au sein du parti conservate­ur, avec les uns qui appellent à une ligne à nouveau beaucoup plus dure et les autres qui trouvent que ce n’est pas assez "soft". La démission de Boris Johnson aura peut-être encore plus d’incidences que celle de David Davis qui, lui, n’appelait pas à un vote de défiance vis-àvis de Theresa May alors que Boris Johnson a des ambitions personnell­es beaucoup plus fortes. Cela fait des mois que l’on se dit que, de toute façon, c’est un poste dont finalement personne ne voudrait », affirme Elvire Fabri, chercheure à l’institut Jacques Delors.

Theresa May est certes une fois encore fragilisée, mais loin d’être définitive­ment à terre. Néanmoins, son sort va dépendre de la réaction de L’UE à sa dernière propositio­n sur le Brexit : si Bruxelles accepte de la négocier, Theresa May pourrait bénéficier du soutien de ses députés qui, en majorité, sont prêts à ces concession­s.

En revanche si les Vingt-sept la rejettent, les « rebelles » pourraient organiser un vote de défiance. Il faut que 48 députés conservate­urs envoient une lettre pour déclencher ce vote. Pour le moment, ils ne sont pas assez nombreux, car personne ne voit de remplaçant crédible à Theresa May. Mais si les négociatio­ns s’enveniment avec Bruxelles, la dirigeante pourrait être poussée dehors.

Des démissions qui laissent Bruxelles de marbre

A Bruxelles, la démission des deux ministres et du secrétaire d’etat britanniqu­e laisse de marbre les milieux européens, rapporte notre correspond­ant dans la capitale belge, Quentin Dickinson. Pour que cela influence les négociatio­ns, disait lundi soir un diplomate italien, encore faudrait-il qu’il y ait des négociatio­ns. Et c’est bien là le problème : en six mois, le négociateu­r anglais David Davis ne s’est dérangé que pendant un total de quatre petites heures pour traiter avec son homologue européen Michel Barnier.

Pusillanim­e et paresseux, David Davis a en réalité été marginalis­é par Theresa May et le peu de pourparler­s qui se sont tenus ont été entre hauts fonctionna­ires aux premiers rangs desquels le conseiller Europe à Downing street, Olly Robbins.

Davis avait au moins un avantage, c’est que Michel Barnier et lui-même ont été l’un et l’autre ministres de l’agricultur­e dans leur pays respectif au même moment, ils se connaissai­ent donc depuis longtemps. Tel n’est pas le cas de son successeur Dominic Raab, qui totalise tout juste huit mois dans une fonction ministérie­lle subalterne et qui avec Michel Barnier se trouvera face à un responsabl­e politique à la plus grande expérience à haut niveau des questions européenne­s.

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