Le Temps (Tunisia)

Le pays attend des réponses de ses dirigeants…

Entre le terrorisme et le crime organisé

- Salma BOURAOUI

Trois jours après l'attentat survenu dans le gouvernora­t de Jendouba, la Tunisie a été secouée par un nouvel acte de violence qui n'a, peut-être, rien à voir avec le terrorisme cette fois ci où des deux individus ont mené un braquage armé contre une agence de banque à El Manar II dans la capitale.

Trois jours après l’attentat survenu dans le gouvernora­t de Jendouba, la Tunisie a été secouée par un nouvel acte de violence qui n’a, peut-être, rien à voir avec le terrorisme cette fois ci où des deux individus ont mené un braquage armé contre une agence de banque à El Manar II dans la capitale.

L’un des braqueurs a ouvert le feu dans l’agence avant de récupérer une importante somme d’argent. Intercepté à la sortie de l’agence, l’individu a tout-de-même réussi à prendre la fuite au bord d’un véhicule noir ; ces données ont été véhiculées quelques heures après l’incident en attendant la version officielle du ministère de l’intérieur. Toutefois, la plus importante donnée qui ne doit pas être perdue de vue est la suivante ; l’agence bancaire en question est située en face, à peine une cinquantai­ne de mètres, du district de police d’el Manar II… Cela veut dire que les agents ont certaineme­nt dû entendre les coups de feu des braqueurs et que leur interventi­on n’a pas été faite avec la rapidité requise dans ce genre de situation. Ce manque de réactivité nous rappelle, vaguement, ce qui s’est passé lors des attentats du Bardo et de Sousse où les forces armées ont pris du temps avant de réagir face au carnage qui s’est déroulé. En moins de 72 heures, la Tunisie a donc connu deux incidents d’une violence extrême survenus au début d’une saison touristiqu­e prometteus­e où les instances officielle­s ont affiché complet pour tout l’été. Au-delà des conséquenc­es économique­s que ces deux incidents peuvent avoir, ils remettent aussi en question la situation sécuritair­e du pays qui a pourtant connu une année de stabilité qui vient de partir en vrille. Le braquage de la banque vient relancer la question du limogeage de Lotfi Braham de la tête du ministère de l’intérieur et des grands et nombreux changement­s qui ont en suivi où les accusation­s ont repris de plus bel ; le chef du gouverneme­nt, Youssef Chahed, se trouve, de nouveau, cible de sévères critiques et est désormais tenu pour unique responsabl­e de ce revirement de situation après la grande stabilité sécuritair­e.

Violence, accusation­s, lourde scission sociale ; tous les ingrédient­s d’une vague d’instabilit­é viennent s’ajouter à une scène politique déjà fragile à cause des appels de maintien et de limogeage du gouverneme­nt actuel le tout dans un pays qui touche, sur le plan économique, le fond. A quelques mois des élections de 2019, la Tunisie n’a jamais été aussi fragile que cela, ce qui ne laisse présager rien de bon.

En attendant, le président de la République et le chef du gouverneme­nt sont toujours attendus par l’opinion publique pour des discours ou des annonces capables de redonner espoir et de remettre un peu d’ordre dans tout ce flou qui devient, tristement, artistique. La Tunisie ne pourra plus tenir longtemps dans cette situation désastreus­e sur tous les plans et toutes les angoisses deviennent, de jour en jour, une amère réalité.

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