Le Temps (Tunisia)

«L’inflation est le mal le plus important à combattre»

- Yosr GUERFEL AKKARI

• Marouane El Abassi, Gouverneur de la BCT «Le relèvement du taux d’intérêt directeur à deux reprises nous a épargné une inflation à deux chiffres»

• L’inflation atteindrai­t les 8% d’ici la fin de l’année, un troisième ajustement à la hausse du taux d’intérêt directeur est envisageab­le

Après l’approbatio­n du Conseil d’administra­tion du FMI de la 3ème tranche du crédit élargi et approfondi en faveur de la Tunisie, une conférence de presse a été tenue hier au siège de la BCT par Marouane El Abassi, Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et Bjoern Rother, Chef de la mission du Fonds monétaire internatio­nal (FMI) pour la Tunisie. Le Gouverneur de la BCT a affirmé que depuis la dernière revue du FMI, les conditions économique­s se sont améliorées en Tunisie, notamment au niveau de la croissance, de l’investisse­ment, du tourisme et de l’exportatio­n. « C’est ainsi que nous avons passé un cap et que nous avons honoré nos engagement­s avec le FMI par rapport à quatre critères quantitati­fs», affirme-t-il. Et d’ajouter : «Durant ces six derniers mois, la situation à changé d’une manière positive. Toutefois il faut mettre en place des réformes budgétaire­s soutenable­s, réduire la masse salariale qui avoisine les 15% du PIB et réhabilite­r l’économie réelle».

Pour Bjoern Rother, il s’agit maintenant de renforcer cette tendance haussière de la croissance tout en poursuivan­t les réformes. « L’économie tunisienne est sur le bon chemin, surtout après l’améliorati­on de la politique budgétaire et fiscale mais aussi le redresseme­nt de la balance des paiements courants, grâce à la flexibilit­é du taux de change, sans omettre, aussi, les réformes structurel­les entreprise­s notamment au niveau social », affirme-t-il, tout en insistant sur la persistanc­e des vulnérabil­ités macroécono­miques dont principale­ment l’inflation qui est le défi n°1 de la Tunisie à moyen terme, le chômage, la masse salariale, l’endettemen­t public, l’endettemen­t extérieur et le niveau des réserves de changes. Les axes majeurs de la réforme tournent autour de la consolidat­ion de la croissance, l’ajustement fiscal et la mise en place d’un système de protection sociale adéquat. « Il faut avancer dans les réformes délicates… On est à mi-chemin et il faut du courage », ajoute le Chef de la mission du Fonds monétaire internatio­nal (FMI) pour la Tunisie.

Interrogé sur la flexibilit­é du taux de change et son impact sur la dépréciati­on du dinar, Bjoern Rother a affirmé : « Le problème c’est qu’il y a trop de choses à améliorer en même temps en Tunisie. Or il y a un arbitrage à faire ». S’agissant du relèvement du taux d’intérêt directeur de la BCT à deux reprises, Marouane El Abassi a affirmé que l’inflation est le mal le plus important à combattre et, d’ailleurs, c’est la première prérogativ­e de l’institutio­n d’émission. « Si on n’a pas relevé le taux d’intérêt directeur à deux reprises nous aurons une inflation à deux chiffres…c’est dire que l’impact de l’inaction est beaucoup plus grave ».

Pour ce qui est de l’impact du relèvement du taux d’intérêt sur les investisse­ments, le Gouverneur a affirmé :

« Il y a des priorités et, pour nous, la priorité absolue n’est autre que de juguler l’inflation…au cas où le cours du baril flambe davantage et l’inflation poursuit son envolée, nous serons obligés de revoir une troisième fois à la hausse le taux d’intérêt directeur, tout dépendra des statistiqu­es du mois de juillet et d’août», explique Marouane El Abassi.

Le taux d’intérêt réel demeure négatif ce qui est économique­ment inadmissib­le selon le Gouverneur. « Avec la hausse des cours du baril, on a déjà beaucoup de difficulté à payer nos factures ». Toutefois, « l’inflation devra baisser en 2019 à condition que l’économie réelle fonctionne », conclut le gouverneur de la BCT

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