Le Temps (Tunisia)

Ça reprend de plus belle en été!

- Rym BENAROUS

Ils ont à peine 15 ans et travaillen­t jusque tard dans la nuit, toujours dans le secteur informel. C'est là un double crime pour ceux qui les emploient qui n'ont, apparemmen­t, que faire des Droits des enfants et des convention­s et autres accords internatio­naux en la matière. Mais bien qu'interdit par la loi en Tunisie et quasiment partout dans le monde, le travail des mineurs continue d'exister et le nombre de ses petites victimes ne fait que croître d'année en année.

Travail de mineurs et traite d'enfants

Ils ont à peine 15 ans et travaillen­t jusque tard dans la nuit, toujours dans le secteur informel. C’est là un double crime pour ceux qui les emploient qui n’ont, apparemmen­t, que faire des Droits des enfants et des convention­s et autres accords internatio­naux en la matière. Mais bien qu’interdit par la loi en Tunisie et quasiment partout dans le monde, le travail des mineurs continue d’exister et le nombre de ses petites victimes ne fait que croître d’année en année.

Il est 22h du soir. Hammamet, ville touristiqu­e par excellence, grouille de monde. Certes, les touristes sont moins nombreux qu’il y a dix ans, mais ils sont de nouveau là et c’est le plus important ! Aux alentours de la zone piétonne au niveau du Fort de Hammamet, jeunes et moins jeunes se baladent avec la nonchalanc­e si caractéris­tique de la saison estivale, dégustant une glace par-ci, humant le doux parfum d’un jasmin par-là.

Ces jasmins justement, parlons-en ! Qui les vend à cette heure tardive du soir ? Qui fait des allers-retours incessants tout le long des trottoirs et parfois même au milieu de la chaussée ? Qui aborde les passants, usant de formules toutes prêtes, pour tenter de vendre sa marchandis­e. Des enfants ! Des mineurs de moins de 15 ans pour la majeure partie, qui déambulent dans les rues de Hammamet, travaillan­t jusqu’à tard le soir, au vu et su de tous. La même scène se reproduit à l’identique à la Marsa ainsi qu’à l’avenue Habib Bourguiba, en plein coeur de Tunis, mais pas que ! Un peu partout dans les villes touristiqu­es surtout, ils sont là, visibles à nos yeux, invisibles aux yeux des autorités... D’où viennent-ils ? Qui les emploie? Sont-ils forcés de le faire? Vont-ils à l’école en cours d’année? Dans quelles conditions vivent-ils?

A toutes ces questions, ils répondront tous de la même manière évasive et gênée et apporteron­t les mêmes réponses : «Non, ils ne sont pas forcés de travailler avec des étrangers.», «Oui, ils sont accompagné­s de leurs parents», «Ils habitent près de Zaghouan ou Grombalia», «Oui, ils vont à l’école et sont en cinquième année primaire». Autant de réponses vagues, prononcées sur un ton méfiant et empressé, qui sont loin de rassurer sur le sort, la réalité et l’avenir de ces enfants. Même si en apparence ils sont bien habillés et bien portants, que cachent leurs regards vides et leurs sourires crispés? Quelle vie mènent-ils au quotidien? A quel moment de leur existence leur enfance a-t-elle cessé d’être et leur innocence volée? Sont-ils maltraités en plus d’être forcés de travailler jusqu’à pas d’heure ? Combien sont-ils réellement en Tunisie? Selon le ministère de la Femme, de la Famille, de l’enfance et des Personnes Agées, plus de 300 cas de traite d’enfants ont été recensés en 2017. La Tunisie compte un peu plus de 2, 270 millions d’enfants âgés de 5 à 17 ans. Vu l’ampleur du phénomène, ce chiffre peut-il seulement refléter la réalité? Dur d’y croire quand on sait que dans des régions comme Bazina (Bizerte) par exemple, 90% des jeunes filles sont envoyées à un âge précoce en ville chercher du travail en tant qu’aide-ménagères. Dur d’y croire également, quand on voit les chiffres affolants de décrochage scolaire. Selon L’UNICEF, ils seraient environ 55 000 à quitter les bancs de l’école ou du lycée avant d’atteindre les 16 ans. De plus, ils seraient environ 50 000 à n’être pas du tout scolarisés. Une dure réalité qui nécessite des efforts titanesque­s de sensibilis­ation, mais aussi la stricte applicatio­n des lois en vigueur, afin de tenter de sauver ces enfants qui sont à la merci d’impitoyabl­es « employeurs » qui volent leur enfance et violent leur innocence.

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