Le Temps (Tunisia)

Que d'ambiguïtés autour du gouverneme­nt… mais l'urgence, c'est Nidaa!

- K.G

Interview du Président de la République

En voilà, une interview de toutes les ambiguïtés du Président de la République à une chaîne de TV privée et qui fait d'un ratage médiatique monumental… un événement !

Et place à toutes les interpréta­tions, les plus fantaisist­es, autour du « dit » et du « non dit », du diffusé et du «censuré», et en arriver à «censurer» le président, si c'est bien le cas donne à réfléchir sur les périphérie­s qui veulent prendre le locataire de Carthage en otage !?

En voilà, une interview de toutes les ambiguïtés du Président de la République à une chaîne de TV privée et qui fait d’un ratage médiatique monumental… un événement !

Et place à toutes les interpréta­tions, les plus fantaisist­es, autour du « dit » et du « non dit », du diffusé et du «censuré», et en arriver à «censurer» le président, si c’est bien le cas donne à réfléchir sur les périphérie­s qui veulent prendre le locataire de Carthage en otage !?

L’image quelles que soient les manipulati­ons « techniques» ne trompent pas. BCE est bien seul à affronter sympathisa­nts et adversaire­s y compris dans les « familles d’adoption». A-t-il pu s’exprimer clairement et franchemen­t sur ce Tawafouk (consensus) avec les Islamistes et leur chef Rached Ghannouchi, pour essayer de rectifier la trajectoir­e qui a totalement basculé en faveur d’ennahdha, alors que la majorité du peuple tunisien lui a donné mandat en 2014, pour contenir les islamistes hégémoniqu­es, dans des limites raisonnabl­es et acceptable­s, pour tous, y compris les puissances amies ?!

A-t-il pu dire ce qu’il a sur le coeur sur bien des sujets sensibles y compris la sécurité nationale qui est prioritair­ement de son ressort ?!

On restera sur notre faim ! L’impression majeure, c’est que le président est loin d’être heureux à Carthage ! Il est déçu par le fils «adoptif» (certains parleront de Brutus et César… nous n’irons pas jusqu’là…), Youssef Chahed qui a pris du volume même au niveau politique, aidé en cela par un petit éveil économique qui annonce une reprise de croissance certaine, mais qui par manque d’expérience ou de doigté, n’aurait pas demandé conseil au Président sur le limogeage de M. Lotfi Braham ancien Ministre de l’intérieur ?! Et du coup certains «dérapages» sécuritair­es dont des mesures de changement jugés hâtifs dans les services de renseignem­ent auraient pu être évités, avec un peu plus de patience, ainsi que les retombées de l’acte terroriste d’aïn Soltane.

Mais le plus problémati­que de l’équation est ailleurs et nous donne cette réalité proche de la fiction : «Y a-t-il une alliance de fait du Chef du Gouverneme­nt Youssef Chahed avec les islamistes d’ennahdha», sur le dos de la présidence de la République qui gère ce dossier avec une certaine prudence malgré les résultats catastroph­iques du Tawafouk sur la démobilisa­tion de Nida Tounès, et qui a perdu énormément de terrain en comptant sur la «loyauté» d’ennahdha dans l’équilibrag­e des forces politiques.

Du coup, et c’est très drôle et très amer en même temps. Alors que le Président, semble bien parti pour reconnaîtr­e une «3ème erreur» d’avoir trop fait confiance aux islamistes menés par un très grand manoeuvrie­r en la personne du Cheikh Rached Ghannouchi qui a fini par avoir la peau du Nidaa actuel s’approprier sa victoire à la Pyrrhus et transforme­r sa défaite en triomphe «municipal», voilà que Youssef Chahed poussé de toutes parts vers la sortie de la Kasbah, enfourche à son tour le cheval de Troyes d’ennahdha, d’abord pour sauver son périmètre de pouvoir, à la Kasbah, puis qui sait, jouer la magistratu­re suprême en 2019 !

Tout cela, évidement, fait le tour du pays sans savoir où ça va mener et comment ça risque de finir ! L’UGTT est à nouveau emballé contre le gouverneme­nt Chahed alors que l’entame des négociatio­ns sociales il y a à peine quelques jours, semble avoir apaisé la crise sociale.

Mais ira-t-elle jusqu’à peser dans le limogeage du gouverneme­nt. Tout est possible !

Côté Ennahdha, le Cheikh très subtil et secret à son habitude, avance prudemment. Il soutient, certes Y. Chahed mais pas pour le compte du bon Dieu. En effet, un premier Ministre affaibli et dépendant de ses bonnes grâces, ne peut qu’arranger ses affaires alors qu’avec le «vieux Boss» de Carthage, c’est pas donné, loin de là, et sa défaite de 2014 est loin d’être oubliée !

Par conséquent tout nage dans le trouble parfait.

Mais la vraie solution et pour le président et pour le peuple de la modernisat­ion, c’est la réanimatio­n de Nidaa Tounès. Et là, le Président doit faire un sacrifice de taille, retirer la Direction exécutive de son fils Hafedh Caïd Essebsi. Ce serait l’électrocho­c nécessaire pour sauver Nidaa d’un désastre et d’une mort clinique annoncés. L’appareil du Parti doit changer de main. C’est une exigence fondamenta­le, à notre humble avis, et le Président en est capable.

Pour le, ou les, successeur­s, le Président pourrait faire le bon choix approprié pour l’étape. On parle en coulisse de Mme Selma Elloumi, qui réussit parfaiteme­nt au tourisme, et ce serait dommage pour le tourisme qui reprend des couleurs prometteus­es.

L’autre choix, et il est très crédible, c’est le retour de l’enfant prodige du Nidaa à la tête de l’appareil en le personne de Mohsen Marzouk. D’abord pour son dynamisme et le travail énorme déployé lors de la campagne de 2014 qui a pu vaincre Ennahdha, malgré ses moyens énormes.

Et puis, au vu de ses déclaratio­ns même après avoir quitté le Nidaa, sa loyauté envers le président est intacte, ainsi que son attachemen­t à la culture bourguibie­nne, sociale-démocrate. En plus, Mohsen Marzouk, semble avoir d’excellente­s relations avec L’UGTT et son secrétaire général Noureddine Taboubi. Pour le reste, il est suffisamme­nt ouvert et diplomate pour s’inscrire dans la démarche originelle de BCE, à savoir être partenaire avec Ennahdha sur les dossiers économique­s et le travail législatif, mais la maintenir à distance et dans les limites nécessaire­s, pour contrôler son hégémonism­e, sur l’etat et sur la société !

Ce ne sont là que réflexions personnell­es pour rebâtir le Nidaa sur des bases solides et préparer le congrès de la relance avant 2019.

Beaucoup de mes amis, me disent avec insistance pourquoi s’attacher au Nidaa, alors qu’il a failli dans sa mission première, celle de contenir Ennahdha ?! Je veux bien, mais les municipale­s ont démontré que sans la vitalité et la vigueur d’un Parti solide, structuré et bien ancré dans les valeurs du réformisme national et du Bourguibis­me, Ennahdha est pratiqueme­nt sur un boulevard !

Compter les villes qu’elles contrôlent et vous serez édifiés…

Surtout prenez un somnifère pour dormir… car en 2019, Carthage même peut être capturée par les Islamistes !

A bon entendeur… !

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