Le Temps (Tunisia)

Une chaîne "illégale" et un climat d'anarchie

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L’arrivée au pouvoir du président Béji Caïd Essebsi a été accompagné­e par son attachemen­t à mettre la chaine Nessma TV, au-devant de la scène, pour toutes les interviews qu’il a accordées, malgré toutes les suspicions qui accompagne les agissement­s des propriétai­res de cette chaîne. Pour cette fois-ci, il a opéré de la même manière et ce n’est pas pour plaire à la Haute autorité indépendan­te de la communicat­ion audiovisue­lle (HAICA).

Bien que la conjonctur­e ne se prête pas et qu’il fait l’objet de toutes les critiques, depuis quelques mois, avec la réunion des signataire­s du Pacte de Carthage, suspendue sa décision, pour donner un temps de réflexion aux participan­ts, alors que son fils exigeait la tête du président du gouverneme­nt Youssef Chahed, pour des raisons plus que personnell­es et loin de servir les intérêts du pays qui sont son dernier souci. Pour la HAICA, le remue-ménage qui a accompagné la dernière interview du président de la République ne peut pas passer sous silence, surtout que c’est la goutte qui a fait déborder le vase. Elle a estimé que l'interview du président de la République, sur la chaîne privée Nessma TV est de nature à créer un climat d'anarchie et entrainer le non-respect des institutio­ns de l'etat et de leurs décisions, rappelant avoir pris une décision au sujet de Nessma en procédant à la suspension des procédures de règlement de sa situation.

Dans un communiqué publié lundi, la HAICA a ajouté que la marginalis­ation fréquente par la présidence de la République des médias publics est "devenue une politique systématiq­ue contribuan­t à la création d'un déséquilib­re dans le paysage médiatique audiovisue­l". S'adresser à une chaîne TV "illégale" signifie devenir une partie intégrante du conflit politique et en faire un instrument de propagande pouvant nuire au paysage médiatique et aux règles du débat politique impartial, avance l'instance de régulation.

La HAICA a, par ailleurs, indiqué que la chaîne de radio privée Mosaïque FM est en droit de se procurer la version intégrale de l'entretien et de contribuer à son traitement médiatique, estimant que la persistanc­e de la chaîne privée à avoir l'exclusivit­é de l'interview porte atteinte à la crédibilit­é et à la diversité du traitement médiatique. Nessma TV avait diffusé dimanche une interview de Béji Caïd Essebsi en partenaria­t avec radio Mosaïque FM. Mosaïque FM a refusé de diffuser l’interview sur ses ondes. La radio affirme ne pas avoir reçu une copie intégrale de l’interview. Seul un montage de l’interview lui a été remis par la chaine Nessma TV, a-t-elle précisé dimanche soir. De son côté, la chaine privée Elhiwarett­ounsi TV a déclaré avoir décidé de ne pas diffuser l’interview, comme annoncé initialeme­nt, pour éviter d'être impliquée dans des conflits politiques étriqués et des règlements de compte.

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