Brexit: tout ça pour ça !
L'oeuf de Colomb ? La pierre philosophale ? Non, le Brexit: une idée simple… simpliste ! Ayant brisé ses chaînes européennes, fier de son glorieux passé impérial, le Royaumeuni opte pour le grand large, symbole de son indépendance retrouvée. Aujourd'hui, deux ans et un mois après le vote fatidique du 23 juin 2016, "le rêve du Brexit est moribond", comme le déplore l'un de ses champions, l'ineffable Boris Johnson, dans un rare moment de lucidité.
Dans l'intervalle, les négociations ont été intenses, mais presque exclusivement entre Anglais (l'ecosse et l'ulster, partisans du maintien dans l'union européenne, étant hors-jeu). Brexit dur, Brexit doux, entre les deux, on a tout ressassé. Pendant ce temps, Bruxelles attendait… elle attend toujours.
Il est vrai que la Grande-bretagne, fidèle à une ligne qui fit la force de sa diplomatie, - Divide and Rule - comptait beaucoup sur les dissensions de ses partenaires de L'UE pour imposer son point de vue. Mais, cette fois, le front des 27 tient bon. La cacophonie entourant le débat sur le Brexit a de quoi faire réfléchir les pays tentés de suivre l'exemple britannique. Même les Italiens, dont on sait le profond désamour envers l'europe, soutiennent toujours majoritairement l'appartenance de leur pays à L'UE et à la zone euro.
Du coup, Theresa May, qui avait juré que son pays ne mettrait plus les pieds dans le marché unique européen - Brexit means Brexit - a fini par proposer une zone de libre-échange avec L'UE qui y ressemble furieusement. Avec, il est vrai, certaines restrictions imposées par les europhobes de son parti qui fait dire que, décidément, la Grandebretagne veut toujours le beurre et l'argent du beurre.
Un reproche qu'on lui adressait déjà lorsqu'elle était membre à part entière de L'UE. Forte de son statut de troisième puissance économique d'europe et de premier centre de la finance mondiale, elle y jouissait d'une position privilégiée, se tenant à l'écart, en toute indépendance, de l'espace Schengen et de la zone euro. A l'évidence le meilleur accord post-brexit du monde ne sera pas plus avantageux.
Au bout du compte, les Britanniques n'auraientils pas intérêt à rester dans L'UE ? Pour cela il faudrait un second référendum que leur premier ministre refuse pour le moment catégoriquement, au nom de la sacro-sainte volonté populaire.
Mais celle-ci peut évoluer: l'irlande voisine ne vient-elle pas de légaliser le droit à l'avortement, annulant un vote contraire quelques décennies en arrière ? Prenons le cas de la Suisse, championne du monde toutes catégories du référendum. Si, comme l'exige L'UDC, une décision populaire était d'airain, interdisant à un "non" d'évoluer démocratiquement vers un "oui" au gré des circonstances de la vie et de la société, les femmes de notre pays n'auraient jamais obtenu le droit de vote, ni l'assurance-maternité, et la Suisse ne serait pas entrée à L'ONU.
Un nouveau référendum n'a donc rien d'antidémocratique. S'agissant de la Grande-bretagne, il devrait cette fois proposer un choix clair: soit elle retrouve sa place légitime au sein du concert européen ; soit elle accepte d'affronter seule la haute mer avec le risque, puisqu'il faut bien trouver un port d'attache, de devenir le 51e Etat de l'amérique de Trump.