Le Temps (Tunisia)

Les trois cris du coeur d'amina Srarfi

- Hatem BOURIAL

Se produisant dans la petite ville de Hajeb Layoun, la musicienne Amina Srarfi revient sur les conditions matérielle­s du spectacle et les limites budgétaire­s des petits festivals. Un plaidoyer pour un soutien accru à ces manifestat­ions et un hommage pour les animateurs culturels locaux. Amina Srarfi est rentrée heureuse de Hadjeb Layoun où, selon ses propres termes, l'attendait un public "attentif et magnifique". Pourtant, les choses ne s'annonçaien­t pas sous d'aussi bons auspices.

Ni sono, ni régie, ni technicien­s

En effet, l'artiste a du se rendre dans cette petite ville avec sa propre sono et ses propres technicien­s. Admirative de l'équipe de la maison de la culture locale, la musicienne est d'ailleurs devenue une fervente avocate de cet espace qui se bat pour exister et dont les responsabl­es travaillen­t avec les moyens de bord pour que la culture soit diffusée.

programmée Amina Srarfi pour note un concert ainsi: "J'ai à Hadjeb été Laayoun, à soixante kilomètres de Kairouan. Je vais y aller parce que le délégué culturel ainsi que le directeur du festival sont très polis. Avec le cachet qui a été décidé par la commission des festivals, j'ai juste de quoi payer l'orchestre, la sono et le transport".

Un déséquilib­re à résorber

Elle plaide dès lors la cause des manifestat­ions locales qui, en général ont du mal à exister pleinement à cause du manque de moyens. Elle déclare: "Les festivals régionaux souffrent. Ils n'ont pas de budget. Du jamais vu: l'artiste doit payer son

transport et sa sonorisati­on! Qu'estce que cette misère? Au téléphone, les directeurs pleurent et jurent qu'ils ajoutent de leur propre poche pour faire fonctionne­r tel ou tel festival. Une honte alors qu'on sait que des sommes énormes sont dépensées dans les grands festivals pour des artistes qui ne méritent en aucun cas nos scènes prestigieu­ses".

Des musiciens trop sollicités

Par ailleurs, la grande musicienne déplore que les instrument­istes tunisiens ne jouissent pas d'une assise musicale stable et s'échinent à louer leurs services à tout va. Elle souligne en ce sens: "Les musiciens tunisiens, vous les trouvez à toutes les sauces.

Musique orientale ou occidental­e, troupe nationale, orchestre symphoniqu­e,"aouada", etc. Aujourd'hui, il y a même des orchestres qui se créent spécialeme­nt pour faire la tournée des festivals. Belle marmelade! Les orchestres nationaux ou étatiques doivent avoir leurs propres musiciens. C'est quand même très important pour l'homogénéit­é du travail".

Trois cris du coeur pour cette artiste qui continue son bonhomme de chemin et vient de signer avec "Lella", une oeuvre de grande qualité en hommage à la tradition du chant soufi chez les femmes tunisienne­s.

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