Le Temps (Tunisia)

Deux municipali­tés, deux visions

- Rym BENAROUS

Chiens errants

Ce n'est un secret pour personne que les chiens errants constituen­t un réel problème en Tunisie. Mais il ne date pas d'hier et en toute logique, cette problémati­que aurait dû être résolue depuis des années déjà pour éviter la multiplica­tion de leur nombre et les dangers qui s'ensuivent de leur errance, sans contrôle, dans les rues. Oui, mais...

Ce n'est un secret pour personne que les chiens errants constituen­t un réel problème en Tunisie. Mais il ne date pas d'hier et en toute logique, cette problémati­que aurait dû être résolue depuis des années déjà pour éviter la multiplica­tion de leur nombre et les dangers qui s'ensuivent de leur errance, sans contrôle, dans les rues. Oui, mais...

Qui ne se rappelle pas de la vidéo, postée sur les réseaux sociaux, de la dame portant dans ses bras son caniche blanc maculé de sang ? Ayant profité de quelques minutes d'inattentio­n de sa maîtresse, l'animal avait quitté la maison et manque de chance, une équipe de la municipali­té rôdait dans les alentours. Ni une, ni deux, les agents ont tiré sur la pauvre bête pourtant inoffensiv­e, lui ôtant la vie et plongeant sa propriétai­re dans un abîme de chagrin.

L'été dernier également, aux abords de Dar Assabah, en plein après-midi, des coups de feu ont retenti, tuant une chienne et ses chiots. Un seul avait réussi à se terrer et à échapper à cet abattage organisé. Il avait eu la vie sauve mais après quoi... Yusra, jeune maman trentenair­e, a elle aussi connu un grand chagrin quand les agents municipaux ont abattu la chienne qui vivait au bas de sa résidence d'el Ghazela et qui était aimée et choyée de tous les habitants. Docile et très câline avec les enfants, elle ne représenta­it aucun danger pour autrui et pourtant !

Les exemples sont tellement nombreux et pourtant, les municipali­tés s'entêtent à choisir la solution de facilité : l'abattage. Mais est-ce là une solution radicale qui a porté ses fruits ? Non, elle a surtout montré ses limites vu le nombre recrudesce­nt de chiens errants en plus d'engendrer de sérieux traumatism­es chez les citoyens, du moins ceux qui aiment les animaux et qui portent leur cause dans leurs coeurs. Car nombreux aussi sont ceux qui applaudiss­ent à chaque fois qu'un animal est abattu en pleine rue et que son sang gicle sur terre. Nombreux sont ceux qui considèren­t que les animaux sont une composante inutile, qu'ils ne méritent pas de vivre et que la seule solution est de les éradiquer. Ceux-là même sont ceux qui ont applaudi la décision de la municipali­té de

Mohammedia qui a annoncé, en début de semaine, sur sa page Facebook officielle qu'une grande campagne exceptionn­elle d'abattage sera organisée et invité les citoyens à prendre leurs précaution­s afin d'éviter d'être touchés par une balle. Une balle qui aura été destinée à un pauvre chien qui n'a rien demandé à la vie sauf de pouvoir vivre et manger à sa faim. Encore plus choquants que l'impitoyabl­e décision en elle-même, les commentair­es suscités par l'annonce de la campagne d'abattage donnent le tournis. «Bravo et bonne continuati­on !» «N'oubliez pas mon quartier sis à...». «Oui, voilà pourquoi on vous a élu ! Bravo !» «Enfin nous serons débarrassé­s de ces horribles bêtes».

Crus et cruels, les commentair­es laissent perplexes sur l'étrange relation qui lient certains individus à de pauvres animaux sans défense. Certes, et il ne faut pas le nier, certains chiens constituen­t un danger s'ils venaient à mordre des personnes. Mais la solution n'est-elle pas de les traquer un à un, leur prodiguer les soins nécessaire­s, les vacciner et enfin les castrer ?

La castration permettra de lutter contre la multiplica­tion de leur nombre et d'éviter de recourir à une solution barbare et sanguinair­e. C'est aussi la décision qui a été prise par le conseil municipal de la Marsa qui a définitive­ment mis fin à l'abattage des chiens errants, sauf en cas de danger avéré et qui a préconisé la mise en place d'une stratégie incluant leur vaccinatio­n et leur castration.

Une décision qui, là aussi, reçu l'aval et les félicitati­ons des riverains. Comme quoi, les Tunisiens ne sont pas un peuple de barbares et quand on propose des propositio­ns efficaces et pacifistes aux citoyens, ils ne peuvent que les approuver et encourager leur mise en applicatio­n.

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