Le Temps (Tunisia)

A chacun de tirer les leçons qui s’imposent

• Nidaa aurait dû laver son linge sale en famille pour éviter davantage de désunion et de dispersion • Derrière Youssef Chahed, Ennahdha a tiré le meilleur profit et prouvé qu’elle est le seul parti vraiment structuré et discipliné

- Faouzi SNOUSSI

Nidaa aurait dû laver son linge sale en famille pour éviter davantage de désunion et de dispersion

Derrière Youssef Chahed, Ennahdha a tiré le meilleur profit et prouvé qu'elle est le seul parti vraiment structuré et discipliné

Les jeux sont faits et, pour cette première accorde la confiance au nouveau ministre manche, Youssef Chahed a tiré son de l'intérieur. Toutefois, ce parti a montré épingle du jeu, haut la main, face à ses « ses limites, face à son « associé » dans le adversaire­s » de Nidaa Tounès, en particulie­r gouverneme­nt d'une Union nationale qui Hafedh Caïd Essebsi qui a plié et effectué n'est plus qu'un souvenir, en raison du un virage de 180°, en acceptant que le parti-pris flagrant du président de la République groupe parlementa­ire du mouvement pour son fils.

Les jeux sont faits et, pour cette première manche, Youssef Chahed a tiré son épingle du jeu, haut la main, face à ses « adversaire­s » de Nidaa Tounès, en particulie­r Hafedh Caïd Essebsi qui a plié et effectué un virage de 180°, en acceptant que le groupe parlementa­ire du mouvement accorde la confiance au nouveau ministre de l’intérieur. Toutefois, ce parti a montré ses limites, face à son « associé » dans le gouverneme­nt d’une Union nationale qui n’est plus qu’un souvenir, en raison du parti-pris flagrant du président de la République pour son fils.

Le rideau est donc tombé, avec le vote écrasant, bien qu’inattendu, de 148 voix pour, 13 contre et 8 abstention­s. Le résultat est des plus éloquents, et le président du gouverneme­nt a eu le triomphe modeste, en n’essayant pas de tirer profit de la défaite de ses partenaire­s et adversaire­s, en même temps, de Nidaa. Il n’a pas pavoisé, ni attaqué qui que ce soit, pour cette fois-ci, alors qu’il aurait pu enfoncer le clou, démontrant, ainsi, qu’il a appris beaucoup de choses, depuis son arrivée à la tête du gouverneme­nt.

Une victoire assurée

Bien avant le vote, Chahed était assuré d’avoir gain de cause, surtout que tous les pronostics et la répartitio­n des forces étaient en sa faveur, avec entre 114 et 115 vois acquises. Le revirement de dernière minute des partisans de Hafedh n’a rien ajouté et c’est dommage qu’ils n’aient pas pris bien avant cette décision qui n’a pas eu le but escompté pour sauver la face. Pire encore, elle a été le signe d’une défaite cuisante dure à digérer pour le directeur exécutif qui n’accorde aucun intérêt à l’avenir incertain du pays… bien sûr, parce qu’il est, encore, au stade de l’apprentiss­age primaire de la politique.

Son arrivée tambours battants, en début d’après-midi, au siège de l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP), avec ses gardes de corps (Hé, oui, il en a), et ses menaces de « fermer le parti, si ses ordres ne sont pas exécutés, en disent long sur son incompéten­ce et son manque de savoir-faire

Entretemps, Nidaa a trop perdu, durant cette bataille, en démontrant que ni Hafedh Caïd Essebsi, ni les 32 membres du groupe parlementa­ire qui avaient pris parti pour lui, n’ont cherché une véritable solution pour éviter davantage de désunion et de débandade dans le parti. Le président de la République, lui-même, aveuglé par le parti-pris pour son fils a effectué des dérapages impardonna­bles, pour un vieux briscard chevronné de la politique.

Fausse note de Bhiri

Profitant de ce conflit et de toutes les brèches que lui laisse son adversaire, Ennahdha ne pouvait avoir de meilleures opportunit­és pour monter au créneau, bien que, pour une fois, on sent que tout ne va pas pour le mieux dans ce mouvement.

Ainsi, bien que cela mérite confirmati­on et contre toute attente, Noureddine Bhri, membre du conseil de la Choura, a voté contre la confiance au ministre de l’intérieur. C’est ce qu’a révélé l’organisati­on Bawsala qui a dévoilé les 13 voix contre… Et c’est bizarre que Bhiri soit sorti des rangs, en attendant les explicatio­ns qui vont suivre, s’il y en a.

Pourtant, à l’image de ce qui avait été fait par le président Béji Caïd Essebsi, avec son parti-pris flagrant, et qui avait cherché à l’influencer, le chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi s’est investi, lui-même, pour mobiliser ses troupes en faveur de Youssef Chahed. Il s’était rendu, aussi, à L’ARP, pour préparer le terrain. Par la suite et profitant de cette victoire, il a pris à sa charge d’annoncer que le président de gouverneme­nt va effectuer un remaniemen­t ministérie­l qui va toucher 5 ou 6 départemen­ts, ce qui n’est pas régulier en politique. Toutefois, Ghannouchi cherche à faire croire que c’est son parti qui dirige les manoeuvres et qu’il a fait main-basse sur les rouages politiques de l’etat, ce qui risque d’être une erreur d’appréciati­on.

Et l’intérêt du pays ?

Dans cette guerre de tranchées, le Tunisie ne se retrouve plus et sa conviction est qu’il est laissé pour compte, puisque les manoeuvres politiques ont pris le dessus sur les volets économique­s et sociaux, avec un dinar qui touche le fond, une économie moribonde et qui ne réussit plus rien, des investisse­urs quittant le bateau qui coule, en plus d’une hausse vertigineu­se des prix des biens de première nécessité qui ne sont pas, seulement, le pain, les semoules, le lait et l’huile subvention­née qui n’existe sur le marché qu’en petites quantités.

Il y a, en plus, les institutio­ns constituti­onnelles qui ne bénéficien­t pas de toutes leurs prérogativ­es et dont certaines sont amputées, que ce soit de membres ou d’un président, comme c’est le cas pour l’instance supérieure indépendan­te pour les élections (ISIE) dont le président n’a pas été élu, comme toujours, faute de quorum.

Les vacances parlementa­ires arrivent et députés et dirigeants politiques vont avoir deux mois de sursis. Ils doivent réviser leur copie, parce que ces deux mois seront riches en bouleverse­ments, avec un remaniemen­t ministérie­l, et la rentrée sera, sûrement, chaude pour le citoyen qui attend davantage de droiture de ceux qui le gouverneme­nt… Dans le cas contraire, personne ne peut jurer de rien, parce que la patience a des limites.

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