Une partie de remportée pour Youssef Chahed
Alors qu'il peinait, aux premières heures de la plénière du samedi, à rassembler les 109 voix pour faire passer son nouveau ministre de l'intérieur, Youssef Chahed a fini avec un Strike qui lui a évité une mauvaise posture politique qui l'aurait, peutêtre, obligé à présenter sa démission du palais de la Kasbah.
Alors qu’il peinait, aux premières heures de la plénière du samedi, à rassembler les 109 voix pour faire passer son nouveau ministre de l’intérieur, Youssef Chahed a fini avec un Strike qui lui a évité une mauvaise posture politique qui l’aurait, peut-être, obligé à présenter sa démission du palais de la Kasbah.
Avec 148 voix, le chef du gouvernement a non seulement réussi à confirmer la nomination de Hichem Fourati à la tête du ministère de l’intérieur mais, en plus, il s’est affirmé dans une longue querelle qui l’oppose au fils du président de la République et directeur-exécutif du mouvement de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi. En dépit de sa présence, le jour du vote, à l’assemblée des représentants du peuple (ARP), accompagné par Raouf Khamassi, Hafedh Caïd Essebsi n’a pas réussi à inverser la tendance et a vu tous ses députés voter en faveur de la confiance. Néanmoins, pour sauver la face, il a réussi à «imposer» au chef du gouvernement de s’engager à présenter la globalité de son gouvernement devant le Parlement pour un renouvellement de la confiance dans un délai de dix jours ; un appel déjà lancé par son père, Béji Caïd Essebsi lors de sa controversée interview accordée à la chaîne Nessma.
Toutefois, un vote pareil serait difficile à effectuer, puisque L’ARP est officiellement en congé annuel à partir du début du mois d’août et ce jusqu’au mois d’octobre prochain. On peut bien évidement faire appel à une plénière exceptionnelle pour le vote en question, mais les chances ne sont pas réellement du côté de Caïd Essebsi junior.
En octobre, les dés seront déjà jetés et toute la scène politique sera en train de travailler, d’une façon ou d’une autre, sur le projet de loi de Finance 2019. Le PLF peut présenter une opportunité pour déstabiliser le gouvernement voire le faire chuter (comme cela a failli se passer avec le PLF 2018 lorsque le secrétaire-général d’al Machroû a fortement dénoncé les tentatives en question) mais la Tunisie, engagée auprès de la Banque mondiale et auprès du Fonds monétaire internationale (FMI) ne pourra pas s’offrir un luxe pareil et son Hafedh non plus.
En somme, et si aucun imprévu ne survient, Youssef Chahed a largement le temps de se poser et de préparer ses prochains plans. D’ici le vote du PLF 2019, aucune grande manoeuvre politique ne peut être menée contre le chef du gouvernement qui sera dans une trêve jusqu’à janvier 2019 ; à partir de cette date par contre, les hostilités commenceront sérieusement et la bataille (sanglante) pour le palais de Carthage sera officiellement ouverte. D’ailleurs, certains affirment que Chahed choisirait ce moment-là pour démissionner de la présidence du gouvernement pour se consacrer, entièrement, à une campagne électorale présidentielle. Cependant, cette victoire ne doit pas faire oublier au chef du gouvernement que le pays est en train d’agoniser ; entre la corruption, le terrorisme, la pénurie des médicaments, l’inflation et la crise qui touche tous les secteurs presque sans exception, il serait grand temps que de vrais réels changements soient annoncés et sérieusement appliqués.