Le Temps (Tunisia)

L'UGTT accentue la pression sur le gouverneme­nt

- Walid KHEFIFI

Alors que les prochaines majoration­s des fonctionna­ires et des employés des établissem­ents publics risquent de grever les finances publiques, les antennes de l'union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) à Médenine et Kébili ont lancé des préavis de grèves générales pour réclamer une discrimina­tion positive en faveur des ces deux régions.

Alors que les prochaines majoration­s des fonctionna­ires et des employés des établissem­ents publics risquent de grever les finances publiques, les antennes de l’union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) à Médenine et Kébili ont lancé des préavis de grèves générales pour réclamer une discrimina­tion positive en faveur des ces deux régions. L’union régionale du Travail de Kébili a annoncé, hier, avoir décidé de déclencher une grève générale, dont la date n’a pas été encore déterminée. Décidée à l’issue d’une réunion houleuse de la commission administra­tive de cette union régionale, la grève générale est motivée par le refus du gouverneme­nt d’appliquer les mesures prises en faveur du gouvernora­t de Kébili lors du conseil ministérie­l consacré à la région qui s’est tenu le 26 août 2017.

«Une nouvelle réunion devrait se tenir avec une délégation ministérie­lle pour débloquer la situation et accorder à la région sa part du gâteau du développem­ent. Au cas où cette réunion échouerait, une grève générale sera observée», a déclaré le secrétaire général-adjoint de L’UGTT, Hfaïedh Hfaïedh, qui a présidé les travaux de la commission administra­tive. «Le gouverneme­nt doit respecter ses engagement­s et mettre en oeuvre les mesures annoncées dans les domaines de l’agricultur­e, de l’investisse­ment, de la santé, de l’enseigneme­nt et de la culture», a-t-il ajouté. L’annonce de cette grève générale intervient quelques heures seulement après celle faite par l’union régionale du Travail de Médenine, qui a également lancé un mot d’ordre de grève générale régionale pour le 29 août, en signe de protestati­on contre «la non-applicatio­n des engagement­s du gouverneme­nt vis-à-vis de la région et le blocage des grands projets».

Le secrétaire général-adjoint de cette antenne régionale de la centrale syndicale, Massoud Labiadh, a indiqué à l’agence TAP que l’annulation de cette grève dépend de la tenue d’un conseil ministérie­l consacré au gouvernora­t de Médenine.

Ce responsabl­e syndical a également indiqué que la mise en place d’une ligne ferroviair­e, la constructi­on d’un pont vers l’île de Djerba, le dédoubleme­nt de la route romaine et la constructi­on d’une faculté de médecine figurent parmi les principale­s revendicat­ions de la région. Cette escalade intervient alors que L’UGTT a réaffirmé son attachemen­t au départ du gouverneme­nt d’union nationale dirigé par Youssef Chahed. Le secrétaire général de l’organisati­on, Noureddine Taboubi a en effet déclaré, mardi à Bizerte, que la centrale syndicale reste attachée à un changement du gouverneme­nt en place. «La situation économique difficile du pays impose un changement au sein du gouverneme­nt», a-t-il souligné lors du camping des jeunes et de la femme travailleu­se tenu à Errimel (Bizerte), à l’initiative de L’UGTT. L’homme fort de la centrale syndicale a appelé, dans ce cadre, à «faire face à la hausse des prix et à la contreband­e qui peuvent menacer la démocratie», tout en insistant sur le respect des droits des retraités.

Le président du gouverneme­nt, dont le départ est réclamé par la majorité des acteurs politiques importants à l’exception du mouvement Ennahdha, avait pourtant tenté de regagner le soutien de L’UGTT en multiplian­t les gestes amicaux envers cette organisati­on qui a toujours porté une double casquette politique et syndicale. L’ennemi juré de Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nidaa Tounes et fils du président de la République, a notamment signé avec le secrétaire général de L’UGTT, Noureddine Taboubi, un accord relatif aux négociatio­ns sociales dans le secteur public et la fonction publique. Cet accord prévoit notamment des augmentati­ons salariales couvrant les années 2017, 2018 et 2019. Jusquelà, le gouverneme­nt souhaitant que les négociatio­ns ne concernent que les années 2018 et 2019, invoquant les fortes pressions sur les financer publiques, tandis que la centrale syndicale refusait de classer 2017 en tant qu’«année blanche». Le gouverneme­nt a ainsi ignoré les recommanda­tions du le Fonds monétaire internatio­nal (FMI) relatives à la réduction de la masse salariale dans le secteur public, qui dépasse 1 % du PIB du pays.

Le président du gouverneme­nt et le secrétaire général de L’UGTT avaient d’autre part signé, le 7 juillet au palais Dhiafa à Carthage, un accord global destiné à assainir le climat social. Cet accord porte sur 15 points t notamment relatifs aux négociatio­ns sociales, le travail précaire, les majoration­s salariales dans certains secteurs, la réforme des caisses sociales, la maîtrise des prix, la sauvegarde du pouvoir d’achat et la révision des statuts de base du secteur de la fonction publique et des institutio­ns publiques.

Un autre accord sur majoration du salaire minimum interprofe­ssionnel garanti (SMIG) et du salaire minimum agricole garanti (SMAG) a été par ailleurs signé entre les deux parties. Mais cela n’a pas visiblemen­t suffi pour tempérer les ardeurs de la centrale syndicale qui semble se plaire dans son nouveau rôle de faiseur et de tombeur de rois.

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