La production va doubler, les tensions sociales vont suivre
Drôle de constat : les décideurs politiques se réjouissent d’une légère augmentation de la production du phosphate en Tunisie durant le deuxième trimestre de l’année en cours. Hachem Hmidi, secrétaire d’etat auprès du ministre de l’énergie, chargé des mines, table sur une production du phosphate de l’ordre 4,5 millions de tonnes d’ici la fin de l’année. Il va plus loin en annonçant que la production nationale passera du simple au double. Non pas parce que la crise sociale au sein du bassin minier est résolue. Mais, ces prévisions optimistes s’expliquent par le lancement de 3 nouveaux projets d’extraction de phosphate. Le ministère de tutelle évoque le projet de Meknassi situé à Sidi-bouzid bercail de la « Révolution ». Un projet dont le démarrage est prévu dans quelques semaines. Un projet dont la capacité de production ne dépasse pas les 500 000 tonnes, au moins tout long de sa phase d’amorçage. Le projet de Sra Ouertane situé au gouvernorat du Kef est également évoqué. En fait, il se trouve que ce gigantesque projet fut évoqué depuis 2009. A l’époque, le pouvoir politique n’a guère parlé de la capacité de production de ce gisement, sous prétexte d’une concurrence rude à l’échelle internationale. Entre autres, pour ne pas déstabiliser les cours internationaux du phosphate, à cause de l’abondance de l’offre le gouvernement n’évoquait que le terme « gisement important ». En tout cas, 8 ans plus tard, les chiffres autour de la capacité de production de ce gisement sont dévoilés. On table ainsi sur une production qui varie entre 4 et 5 millions de tonnes. Le dernier projet évoqué par le ministère de tutelle concerne l’exploitation du gisement situé au gouvernorat de Tozeur. Ce projet aura pour capacité 2,5 millions de tonnes.
Quoi qu’il en soit, le discours officiel ne cesse de parler des efforts pour remédier à la crise actuelle au bassin minier. A vrai dire, cette crise sociale remonte à 2009. Des solutions proposées par , alors premier ministre consistait à prendre en charge des milliers des demandeurs d’emplois par la CPG. Une décision connue souvent par « le mécanisme 16 », dans l’objectif de rompre avec le blocage de production du phosphate. Cette mesure a en effet produit encore des tensions sociales. Depuis, la CPG a perdu au moins 50% de sa production. En terme de manque à gagner, le discours officiel fait allusion à un pactole de 5 milliards de dinars tout au long de la période postrévolutionnaire. La CPG évoque, par ailleurs, une perte annuelle de 600 millions de dinars.
Une crise qui persiste
Et depuis, les initiatives pour instaurer ce que les décideurs appellent trêve sociale ne manquent pas. Kamel Jendoubi, ancien ministre du gouvernement de Habib Essid a mené de longues négociations avec des représentants des jeunes demandeurs d’emplois ainsi que les représentants régionaux de la première centrale syndicale, L’UGTT en l’occurrence. Des solutions ont été retrouvé et un compromis fut signé, mais malheureusement non respecté. Retour à la case départ. La CPG est de nouveau paralysée. C’est le tour de L’UGTT à prendre l’initiative. Comme prévu, les réunions ont échoué. La CPG est de nouveau prise en otage. Les revendications sociales si légitimes soit-elles ne trouvent aucune réponse. Entre temps, la Tunisie risque de recourir à l’importation du phosphate, une matière qu’elle produisait par abondance. Drôle de situation. Nous y reviendrons.