Le Temps (Tunisia)

Fabius rattrapé par l'affaire Lafarge se défausse cyniquemen­t

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Soupçonné d'avoir financé l'etat islamique et d'autres groupes jihado-terroriste­s pour maintenir l'activité de son usine syrienne de Jalabiya, le groupe cimentier Lafarge a été mis en examen fin juin pour complicité de crime contre l'humanité et mise en danger de la vie de ses anciens salariés. Les dirigeants et cadres du groupe mis en examen dans cette affaire ont reconnu qu'il y a eu effectivem­ent transactio­n avec les groupes jihado-terroriste­s mais en affirmant avoir préalablem­ent informé leurs plus hauts responsabl­es ainsi que les services secrets français et le Quai d'orsay dont le ministre à l'époque était Laurent Fabius.

Sur la base de ce que ces prévenus leur ont affirmé, les juges en charge de l'enquête ont convoqué l'ex-ministre français des Affaires étrangères et entendu comme témoin. Les réponses de ce personnage aux questions que lui ont posées les juges enquêteurs pour autant qu'elles ont été fidèlement rapportées par le journal Le Monde sont sidérantes par la fausseté qui s'en dégage et l'intention cynique qu'a eue leur auteur de se dégager de toute responsabi­lité dans une affaire dans laquelle le ministère qu'il dirigeait a reconnu avoir été mêlé. Fabius qui ne pouvait nier que le Quai d'orsay a trempé dans la transactio­n, comme l'ont confirmé son porteparol­e et les diplomates ayant été contactés par les dirigeants de Lafarge, a selon le procès-verbal de son audition, dont des extraits ont été révélés lundi par le quotidien français, déclaré que «l'affaire Lafarge ne lui est jamais remontée».

Est-ce possible que les fonctionna­ires du Quai d'orsay qui ont eu à connaître de l'affaire Lafarge en Syrie et dont ils mesuraient à coup sûr la charge explosive tant à un niveau national qu'internatio­nal si elle venait à être dévoilée ont pu décider de tenir dans l'ignorance leur ministre ? C'est derrière cette énormité que s'est retranché l'ex-ministre des Affaires étrangères. Comme l'a relevé le journal Le Monde, Laurent Fabius prétend «n'avoir rien su, rien entendu des mésaventur­es de Lafarge en Syrie» alors même que le dossier de ce groupe était devenu un sujet des discussion­s entre Paris et Washington sur le conflit syrien.

La ligne de défense adoptée par cet exécrable personnage est révélatric­e de son manque de courage qui lui fait enfoncer ses collaborat­eurs d'hier pour tenter d'échapper lui aussi à l'inculpatio­n de complicité de crime contre l'humanité. S'il existe une vraie justice, qu'elle soit française ou internatio­nale, il n'est pas besoin de prouver l'implicatio­n du ci-devant chef de la diplomatie française dans le sulfureux dossier Lafarge. Fabius a conduit au nom de la France une politique syrienne dont les conséquenc­es ont été terribles pour le peuple syrien et en cela il mérite largement d'être traduit devant des tribunaux.

Pour ce qui est de son cas, il ne faut pas s'illusionne­r, tout sera mis en branle au nom de la «raison d'etat» pour lui épargner l'ignominie d'un procès pour crime contre l'humanité. Pourtant que d'innocents citoyens syriens ont payé de leurs vies le haineux acharnemen­t que l'ultra-sioniste Laurent Fabius a mis à détruire leur pays pour asseoir l'hégémonie régionale de l'etat d'israël.

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