Le Temps (Tunisia)

Trump est en train de perdre sa partie d'échecs

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Les fans du président Donald Trump qui entretenai­ent encore un tout petit faible pour les marchés ont sûrement considéré la dernière semaine de juillet comme une preuve qu’ils avaient vu juste.

Après des mois d’escalade des guerres commercial­es, d’augmentati­on des prix des importatio­ns de matières premières et de perturbati­ons du monde des affaires, un accord commercial avec l’union européenne semble promettre une nouvelle ouverture du marché, qui semblait jusque-là irréalisab­le.

Il a lui-même créé le problème des tarifs douaniers Marc Thiessen, chroniqueu­r au Washington Post, a annoncé tambour battant cette apparente prouesse: «L’avancée de mercredi avec l’union européenne montre que contrairem­ent à ce que prétendent ses adversaire­s, Trump n’est pas protection­niste; en fait, il se sert des tarifs douaniers comme d’un outil pour promouvoir un programme radicaleme­nt libre-échangiste».

Le journalist­e interprète la suggestion de l’europe d’acheter davantage de soja comme la preuve d’une «partie d’échecs commercial­e en trois dimensions». Il conclut que Trump «pourrait finir par être l'un des plus grands présidents libre-échangiste­s de l’histoire».

Si seulement une once de cette analyse pouvait être juste. Commençons par le postulat de départ de Thiesse: l’europe aurait des tarifs douaniers élevés et Trump a enfin trouvé une manière énergique et efficace de régler le problème.

En réalité, avant la crise de protection­nisme commercial présidenti­elle et les représaill­es qui se sont ensuivies, les tarifs douaniers américains étaient bas et ceux de l’union européenne l’étaient davantage encore: en 2016, les États-unis appliquaie­nt des droits de douane de 2,9% en moyenne, tandis que ceux de l’union européenne tournaient autour de 2,5%.

Comparez cela avec les tarifs douaniers de 25% que Trump a infligés aux importatio­ns d’acier européen le 1er juin dernier. Si les tarifs douaniers d’avant les hostilités étaient si bas, c’était précisémen­t grâce aux années de libéralisa­tion commercial­e réciproque que Trump tourne aujourd’hui en dérision.

Il n'est pas crédible aux yeux des autres pays

Le fait que Trump ait amené l’union européenne à la table des négociatio­ns? Il n’a aucun mérite sur ce plan. L’europe s’y trouvait déjà à la fin de l’administra­tion Obama –au beau milieu des pourparler­s sur le partenaria­t transatlan­tique de commerce et d'investisse­ment. Trump luimême a interrompu les négociatio­ns en accédant à la présidence…

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