Le Temps (Tunisia)

Si tu pouvais revenir, Bourguiba…

- Samia HARRAR

Est-ce un hasard, si tu déranges encore, ceux qui voudraient bien voir l’ombre de ton ombre, enfouie à jamais, dans les profondeur­s de la terre ? Ce n’est pas un hasard.

Est-ce un hasard, si les enfants de tes enfants, et même ceux qui viendront après, se réclament encore de toi ? Ce n’est pas un hasard. Est-ce un hasard, si d’aucuns cherchent encore à marcher dans tes pas, certains par intérêt, d’autres par opportunis­me, lorsqu’ils sont légion, tout de même, ceux qui le font, par respect infini pour tout ce que tu fus pour le pays, et par fidélité à ta mémoire ? Ce n’est pas un hasard.

Tu fus le père de la Nation et tu le demeureras à jamais, parce que si tu as failli un jour, un tant soit peu, ce n’est certaineme­nt pas par désamour de la patrie, ni par calcul cynique, ni quoi que ce soit de cet acabit, car tu étais au-dessus de la mêlée, mais parce que tu étais entier dans ton dévouement à ton pays, ce qui laisse parfois la porte ouverte à certaines erreurs d’appréciati­on, qui ne furent pas meurtrière­s, loin s’en faut. Et que tes « adversaire­s » d’alors t’ont largement pardonné depuis, parce qu’ils se sont rendu compte qu’en aucune façon, tu n’avais eu l’intention de trahir, fut-ce l’ombre d’une seconde, cette Tunisie que tu portais au coeur. Et que tu n’auras pas, pour peu, marqué de ton empreinte.

C’est ce qui la sauve à chaque fois je crois. C’est ce qui fait qu’elle résiste encore, malgré vents et marées, quand d’autres pays, ployant sous la même charge, auraient déjà coulé en assistant à leur propre enterremen­t. Par contre, en parlant d’erreurs d’appréciati­on, et de parcours, l’état de ta chère Tunisie aujourd’hui, si tu pouvais revenir y jeter un coup d’oeil, te ferait sûrement pleurer.

En vérité, le père de la Nation tu fus, le père de la Nation tu resteras. N’en déplaise à tous tes détracteur­s ! Et l’on convoquera ton souvenir à chaque fois que l’on aura besoin d’espoir pour affronter toutes les tempêtes. Il sera notre viatique.

Et tu sais, nos enfants t’aiment pareil même s’ils ne t’ont pas connu. Ils n’ont pas eu cette chance, c’est dommage. Nos temps furent sûrement meilleurs que les leurs. Est-il besoin d’ajouter hélas ?

Bon anniversai­re…

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