La détresse des familles réfugiées au Costa-rica
Depuis trois mois, le Nicaragua est en proie à une violente crise politique et sociale. La répression du gouvernement Ortega-murillo a déjà fait plus de 350 victimes. Le président, qui refuse de quitter le pouvoir, a d’ailleurs reconnu pour la première fois la responsabilité de la mort de 195 manifestants, dans un entretien accordé à CNN en espagnol. Mais la situation est loin de se calmer, et affecte sans précédent l’amérique centrale, en particulier le Costa Rica voisin.
Chaque jour de nombreux Nicaraguayens se retrouvent obligés de fuir la répression. De par sa stabilité politique et sa proximité géographique, le Costa Rica voit affluer depuis trois mois des milliers de migrants venus demander l’asile.
Arrivée il y a deux semaines à San José, une famille de Masaya a accepté de nous parler, tout en gardant l’anonymat par peur des représailles. Le fils a pris part aux protestations dès le 19 avril. « Les alliés du régime sont en train de chercher à détruire, à tuer tous ceux qui sont contre le gouvernement Ortega. Et c’est dur de voir tomber tes amis, quand ils les tuent… Les voir mourir, s’entretuer, appeler à l’aide, crier... C’est horrible ! »
« On a donc été obligés de partir, poursuit la mère. J’ai demandé de l’aide à mon frère qui vit au Costa Rica. Je lui ai dit 's’il te plait, aide-nous' ! C’est pour ça que nous sommes ici, qu’on demande l’asile parce qu’au Nicaragua, c’est impossible de vivre. »
3 000 à traverser la frontière chaque semaine
La famille a dû fuir pendant l’opération nettoyage de Masaya, en laissant derrière eux trois des enfants. Pour cette mère de famille et son fils de 20 ans, difficile de retenir leurs larmes. Le père tente, lui, de contenir ses émotions. « Jamais, nous étions sortis du Nicaragua. Jamais ! Du coup, on n’a ni passeport, ni rien du tout. On est partis avec ce qu’on avait dans les poches. On a tout laissé derrière nous. »
Comme des milliers de Nicaraguayens, cette famille a dû quitter le pays illégalement. Ils seraient aujourd’hui 3 000 à traverser la frontière chaque semaine.
En plus d’une aide financière de l’etat costaricien, cette famille a trouvé du soutien auprès de l’association Cenderos, qui assiste les demandeurs d’asile depuis vingt ans. Pour sa coordinatrice, Marisela Hinkelammert, l’etat a tardé à mettre en place des structures pour l’accueil des migrants. Elle reconnaît aujourd’hui qu’à la frontière, la situation s’améliore. « Les choses se sont améliorées parce que les horaires d’ouverture étaient vraiment limités. Les gens devaient passer la nuit à la frontière, avant de pouvoir être pris en charge, avec des enfants.