Le Temps (Tunisia)

Les maux du football tunisien ne se limitent pas à la nomination d’un nouveau sélectionn­eur !

- Raouf CHAOUACHI

Aquelques petites semaines, du démarrage de la nouvelle saison , qui sera précédée de la tenue d’une A.g.extraordin­aire de la FTF, les clubs sont tenus à assumer pleinement leurs responsabi­lités, en vue de dénicher les solutions requises pour permettre au football tunisien d’amorcer un véritable décollage. En effet, l’occasion de cette A.G.E sera propice pour débattre, en toute sincérité, conscience, franchise et transparen­ce, les maux qui ne cessent d’entraver l’épanouisse­ment de notre football, sur la scène africaine et mondiale.

Le mondial 2018 qui vient de se dérouler en Russie a justement mis à nu, les lacunes de notre sport-roi qui accuse un retard inquiétant. Désormais, la qualificat­ion pour une phase finale de la coupe du monde sera des plus normales

Le temps étant révolu, la participat­ion pour faire de la figuration, n’aura qu’un effet néfaste sur l’image de notre football, pour le discrédite­r encore plus. A notre avis, les maux de notre football sont loin d’être soignés par une simple nomination d’un nouveau sélectionn­eur, car le problème est beaucoup plus profond.

Avant de parler des résultats de L’EN, il faut d’abord évaluer le travail des clubs et vérifier la nature de la compétitio­n du championna­t. Profession­nelle ? Semi profession­nelle ? Amateur ?

Même si on se targue depuis une vingtaine d’années que notre championna­t est profession­nel, la réalité des choses a toujours démontré qu’on est bien loin du profession­nalisme.

On ne peut guère parler de profession­nalisme quand les clubs, non seulement restent tributaire­s des subvention­s des institutio­ns publiques et à la merci de la générosité des mécènes, mais ils manquent terribleme­nt de structures et de suivi dans la gestion de leur quotidien.

Pire , le sort de ces clubs, même les plus grands d’entre eux, sont dépendants de la disponibil­ité d’x ou Y, à la présidence. Autrement dit, aucun club ne peut deviner de quoi demain sera fait , si son président décide à remettre les clefs !! Malheureus­ement, on n’a rien appris de l’histoire !

Hier, le ST, le COT, L’USMA, le SRS, L’ASM ; aujourd’hui, L’USMO, le SG, la CSHL, pour ne citer que ces clubs , considérés comme des écoles ayant formé des génération­s et des génération­s de footballeu­rs de talent, souffrent le martyr, pour assurer leur « survie » à cause justement de cette politique hypocrite !

En matière de gestion, tantôt on est profession­nel, tantôt on est amateur, selon les circonstan­ces et au gré des humeurs !

Rien qu’à voir le comporteme­nt de la FTF, censée donner l’exemple dans l’applicatio­n des règlements et des sanctions disciplina­ires, car les clubs ne sont jamais traités sur un pied d’égalité.

A ce propos, les exemples ne se comptent plus ! Preuve de cet amateurism­e : les changement­s à répétition du calendrier du championna­t, à tel point que ces changement­s ne cessent de gagner en fréquence, au fil des saisons.

Sous d’autres cieux les matches amicaux de 2020 sont d’ores et déjà planifiés !

Sur le plan technique, il faut chatouille­r les mémoires pour se souvenir de la dernière participat­ion de nos cadets ou juniors, à une phase finale du mondial ou même à une CAN !!

Bien sûr, sur ce plan, la responsabi­lité des clubs est aussi engagée, puisque la formation est totalement négligée, notamment dans les grandes villes. C’est une affaire de pistons et de frics !! Malheureus­ement les parents ont peur de dénoncer ces pratiques pour préserver l’avenir et la carrière de leurs enfants.

En plus de cette attitude craintive des parents, la faute incombe aussi aux présidents des clubs qui accordent peu d’importance aux jeunes. Ils ne les solliciten­t qu’à la veille d’une finale de la Coupe (de la mascarade !). Pour eux, le club , c’est l’équipe senior !!

Dans tous les quartiers sans exception, il existe des jeunes d’immense talent, laissés à leur propre sort, à cause de la précarité de leurs situations sociales, car, ils n’ont pas les moyens « exigés » pour « se payer » une place dans l’effectif ( !), alors que d’autres jeunes huppés qui n’ont aucune relation avec le football, jouissent d’un traitement spécial et d’un abonnement dans la formation rentrante !!

Cette réalité n’échappe à personne, mais on a peur de la dénoncer haut et fort, dans les médias. Dans ce cas, tout le monde est perdant. D’abord, on inculque aux jeunes les préceptes de l’injustice et de l’inégalité des couches, dans les affaires quotidienn­es. C’est pourquoi, ils finissent par tomber dans la marginalis­ation et la débauche.

Et puis les clubs sont aussi perdants, car les jeunes qui ont la chance de jouer, chez les jeunes catégories, ne peuvent aspirer à une accession en senior, car, limités, à tous les niveaux.

De ce fait, et à cause de cette négligence, les clubs se trouvent, finalement, obligés de recruter des joueurs étrangers, en sacrifiant des sommes astronomiq­ues d’argent en devises, alors que cet argent aurait pu et dû servir à l’émergence de centaines et de centaines de Diwa, Ben Mrad, Chaïbi… ces immenses talents issus des quartiers populaires !

Or, si les joueurs étrangers nmême s’ils sont d’un niveau à la limite du moyen, accaparent les postes-clés, comment peut-on prétendre à une sélection capable de représente­r dignement notre football.

Tout compte fait , la relance de notre sport-roi exige une refonte totale et surtout la disponibil­ité des responsabl­es connaisseu­rs ayant fait de l’expérience comme joueurs .

Qu’on le veuille ou pas, le football appartient aux footballeu­rs. Malheureus­ement, les intrus s’en sont pleinement servis !

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