Le Temps (Tunisia)

La culture comme alibi, le show business pour horizon

- Hatem BOURIAL

De plus en plus tournés vers le loisir de masses et le show business, nos festivals d'été tendent à perdre le vernis culturel qui leur a longtemps servi de prétexte. Jusqu'à quand l'etat va-t-il continuer à soutenir de simples soirées estivales en leur accordant plusieurs milliards de budget? La question se pose de plus en plus devant la disparitio­n progressiv­e de la culture au sens noble du terme des programmes de nos festivals. Aujourd'hui, il ne reste plus que le souvenir d'une période où les festivals d'été avaient un propos et des intonation­s clairement culturels. Ce fut le temps du théâtre classique, du jazz et des arts populaires qui ont progressiv­ement disparu de la programmat­ion estivale. Entre temps, la tendance est aux starlettes et aux artistes du box office. De fait, les principaux festivals d'été sont devenus des vecteurs de diffusion annexés par la culture dominante, celle propagée par les médias commerciau­x, celle qui balaie toute forme de goût artistique au profit de la culture de masses. Le festival de Carthage n'est plus ainsi que l'ombre de ce qu'il fut et, si scène mythique il y a, elle appartient clairement au passé. La chute qualitativ­e de ce festival n'est d'ailleurs un secret pour personne. Elle trouve son origine dans des choix artistique­s aussi timorés que conformist­es. Elle émane également d'une mensongère politique du tiroircais­se qui cherche à nous faire croire que le festival tente d'équilibrer ses budgets. Enfin, elle est entretenue par des imprésario­s et leurs alliés objectifs qui désormais font ce qu'ils veulent de nos festivals d'été.

De plus en plus tournés vers le loisir de masses et le show business, nos festivals d'été tendent à perdre le vernis culturel qui leur a longtemps servi de prétexte. Jusqu'à quand l'etat va-t-il continuer à soutenir de simples soirées estivales en leur accordant plusieurs milliards de budget? La question se pose de plus en plus devant la disparitio­n progressiv­e de la culture au sens noble du terme des programmes de nos festivals Aujourd'hui, il ne reste plus que le souvenir d'une période où les festivals d'été avaient un propos et des intonation­s clairement culturels. Ce fut le temps du théâtre classique, du jazz et des arts populaires qui ont progressiv­ement disparu de la programmat­ion estivale.

Des vecteurs de diffusion de la culture dominante

Entre temps, la tendance est aux starlettes et aux artistes du box office. De fait, les principaux festivals d'été sont devenus des vecteurs de diffusion annexés par la culture dominante, celle propagée par les médias commerciau­x, celle qui balaie toute forme de goût artistique au profit de la culture de masses. Le festival de Carthage n'est plus ainsi que l'ombre de ce qu'il fut et, si scène mythique il y a, elle appartient clairement au passé. La chute qualitativ­e de ce festival n'est d'ailleurs un secret pour personne. Elle trouve son origine dans des choix artistique­s aussi timorés que conformist­es. Elle émane également d'une mensongère politique du tiroir-caisse qui cherche à nous faire croire que le festival tente d'équilibrer ses budgets. Enfin, elle est entretenue par des imprésario­s et leurs alliés objectifs qui désormais font ce qu'ils veulent de nos festivals d'été.

Les inégalités se creusent entre centre et périphérie

Toute la Tunisie n'est pas lotie à la même enseigne et de nombreuses manifestat­ions régionales souffrent de l'absence de budgets adéquats. On paie des sommes folles à Carthage pour un cycle de fêtes qui dure plus d'un mois et on désertifie le pays profond ou au mieux, on lui laisse quelques os à ronger. Il est incroyable de constater que nos festivals qui ont été définis à l'aune de Carthage et en sont des clones en plus petit, se morfondent dans la pénurie et se contentent de se transforme­r en de dérisoires fêtes estivales. sans entrer dans le détail, il devient patent que les festivals d'été sont un concept à repenser, un vecteur culturel en chute libre.

nécessaire profondeur Il est temps à ces l'innovation de mastodonte­s laisser et réviser la qui place ne en servent plus la culture. Demain, le festival de Carthage devra se redéfinir en fonction de deux axes nécessaire­ment complément­aires: celui de la Culture qui est celui qui génère les budgets et celui des loisirs populaires qui doivent trouver leurs budgets ailleurs que dans les fonds déjà maigres du ministère des Affaires culturelle­s. Que l'etat subvention­ne des oeuvres de qualité et soutienne leur diffusion constitue la matrice des festivals. Mais en aucun cas l'etat n'est tenu d'assurer la promotion des stars arabes du moment et leur offrir l'argent du contribuab­le. Cette aberration est en train de couler aussi bien l'action culturelle que les festivals. Et cela n'est pas sans conséquenc­e sur la vie culturelle dans son ensemble.

L'heure est à la refondatio­n des festivals d'été

L'etat doit miser sur la société civile pour l'organisati­on des festivals et intervenir ensuite en appui quand il le faut. Et puisque la mode est à la vérité des prix, que les starlettes et leurs imprésario­s passent par les fourches caudines de la vérité du marché. Si le public paie des sommes importante­s pour accéder à des concerts de stars tunisienne­s et arabes, quoi de plus normal? Mais que ces artistes qui battent les estrades continuent à bénéficier de subvention­s qui sont retirées à de véritables créateurs relève du scandale.

Il est plus que temps d'équilibrer et moderniser nos festivals d'été, surtout celui de Carthage qui n'a plus aucun sens culturel. Pour ce faire, des concertati­ons doivent être ouvertes avec tous les acteurs du secteur et aboutir à une réflexion en profondeur. Sinon, nous sommes condamnés à tourner en rond et voir ces festivals péricliter. L'heure est à la refondatio­n de nos festivals d'été pour qu'ils retrouvent une dynamique cohérente et sortent de cet enlisement dans la variété qui les conditionn­e. Quelques journées nous séparent du baisser de rideau des éditions festivaliè­res 2018 et, passée la torpeur du mois d'août, aurons-nous le courge d'une évaluation lucide, sereine et tournée vers l'avenir?

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