Trump et la diversion
Jamais les Etats-unis n’ont eu un Président aussi imprévisible, aussi déroutant que Donald Trump. Il avait démarré son mandat par une guerre verbale avec le jeune leader nord-coréen Kim Jung-un, le traitant de tous les noms d’oiseaux et menaçant d’une guerre nucléaire totale son pays.
Et contre toute attente, il met ses invectives au placard et décide de le rencontrer en Malaisie. Un sommet qu’il présente au monde entier comme un succès, Kim Jung-un comme un leader respectable et présentable. Le seul résultat concret de cette rencontre est la restitution de corps de soldats américains tués durant la guerre de Corée. Autre ennemi juré du locataire de la Maisonblanche : l’iran. Ce pays subit une agression sans pareille de la part des Etats-unis. Il est frappé d’un embargo total ; son argent est bloqué dans les banques américaines. Son économie en souffre gravement. Pourtant, l’iran survit, il est debout et fait front courageusement face à ceux qui veulent le détruire.
Il est vrai que la révolution iranienne s’était engagée dans de graves dérapages, comme par exemple la prise en otage de diplomates de l’ambassade américaine à Téhéran en 1979. Ou encore sa détermination à déstabiliser les pays musulmans, dont l’algérie où elle a soutenu matériellement le terrorisme. Mais Téhéran avait fini par devenir réaliste. Le régime avait cependant un défaut aux yeux de Washington.
Son hostilité déclarée et sans faille à Israël et sa lutte d’influence avec les wahhabites saoudiens. Trump avait hérité de cette situation, mais il s’était mis à faire du zèle et uniquement pour se venger de Barack Obama qui l’avait humilié, il a dénoncé l’accord sur le nucléaire conclu pourtant entre l’iran, d’une part, et les Etatsunis, la Grande-bretagne, la France, la Russie et la Chine, d’autre part. Aucun de ces derniers ne l’avait suivi dans sa provocation. Mais il persiste et signe. Son langage devient de plus en plus outrancier. Comme il l’a fait avec la Corée du Nord, il menace de transformer l’iran en un vaste champ de ruines.
Et brusquement, Trump surprend tout son monde, y compris ses conseillers les plus proches, dont on dit qu’ils n’ont pas été consultés. Il a proposé, la semaine dernière, aux dirigeants iraniens de les rencontrer «quand ils veulent et cela dans l’intérêt des Etats-unis, de l’iran et du monde». Les politologues n’en revenaient pas. Un revirement aussi spectaculaire qu’inattendu.
Mais les dirigeants de Téhéran ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils accueillent froidement la proposition, surtout venant d’un homme qui rêve d’exterminer le peuple iranien et de faire la guerre à la planète entière. Un homme auquel on ne peut nullement faire confiance. Et pourquoi en ce moment ? A-t-il échoué avec la Corée du Nord ? Cherche-t-il donc à trouver un succès ailleurs ?
Il est clair qu’avec Pyongyang, l’optimisme affiché n’est que de façade. L’accord sur la dénuclérisation de la péninsule coréenne n’existe que sur le papier pour l’instant et rien n’indique qu’il aura de l’avenir. Un échec pour Trump, mais qu’il ne veut pas se l’avouer. Aussi cherche-t-il une planche de salut ailleurs.
Et ce ne seront pas les Iraniens qui l’aideront à redorer son blason. Il cherche un succès à l’extérieur pour faire oublier ses échecs à l’intérieur, dans l’espoir de mobiliser ses partisans à l’approche des élections législatives de novembre prochain. Malheureusement, des victoires à l’extérieur ne sont pas déterminantes pour influencer l’électorat. En attendant, il fait le vide autour de lui.