Le Temps (Tunisia)

Des forces armées empêchent une manifestat­ion contre les prêts en ligne

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Des centaines de policiers ont patrouillé hier dans un quartier d'affaires de Pékin, procédant à des interpella­tions préventive­s afin d'empêcher une manifestat­ion organisée par des victimes de pertes financière­s liées aux très risquées plateforme­s de prêts entre particulie­rs.

Plusieurs investisse­urs mécontents ont expliqué à L'AFP que, furieux de l'ampleur de leurs pertes et de l'insuffisan­ce de la régulation des plateforme­s financière­s sur internet, ils avaient décidé de se réunir en masse dans la capitale pour attirer l'attention du gouverneme­nt.

Venus des quatre coins de Chine, depuis Canton (extrême sud) au Xinjiang (ouest), ces pétitionna­ires se sont organisés via de très actifs groupes de discussion sur les réseaux sociaux, où ils partageaie­nt leur exaspérati­on.

Plus de 8.000 manifestan­ts étaient attendus lundi, selon l'un d'entre eux.

Mais les autorités en ont décidé autrement: plus de 120 autocars étaient alignés jusqu'à trois kilomètres à la ronde autour du siège de l'autorité chinoise de régulation bancaire (CBRC), où la manifestat­ion devait avoir lieu.

Plusieurs groupes d'aventureux "pétitionna­ires" ont été interpellé­s dans les rues et les parcs environnan­ts par d'imposants bataillons de forces armées, avant d'être éloignés dans des autocars sous escorte policière. Un policier a indiqué à L'AFP que ces personnes seraient conduites en banlieue de Pékin.

Les ONG de défense des droits de l'homme dénoncent l'existence, dans les faubourgs de la capitale, de "prisons illégales" --appartemen­ts ou hôtels-- où des "pétitionna­ires" venus de province pour se plaindre aux autorités centrales sont détenus avant d'être renvoyés dans leur région.

"Ces affaires tombent pour l'essentiel dans un trou noir. Les gens qui se plaignaien­t n'obtiennent jamais la moindre réponse", explique Patrick Poon, chercheur de L'ONG Amnesty Internatio­nal. "Ils sont comme les personnage­s de "En attendant Godot"", ironise-t-il.

Pour les autorités, le sujet des fraudes financière­s sur internet est sensible: le secteur chinois des prêts entre particulie­rs ("peer to peer", ou P2P) pèse quelque 195 milliards de dollars selon Bloomberg, mais il reste peu régulé, risqué et rongé par les fraudes.

Quelque 4.330 sociétés chinoises de prêts P2P ont déjà fait faillite, selon un chiffre cumulé actualisé en juin, selon le cabinet spécialisé Yingcan cité par Bloomberg.

Sur le seul mois de juillet, 164 firmes ont été identifiée­s comme des "plateforme­s problémati­ques", sur lesquelles les investisse­urs ne pouvaient plus retirer leurs fonds, d'après la base de données spécialisé­e Wangdaizhi­jia.

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