Le Temps (Tunisia)

Qui pour protéger les médecins ?

- Rym BENAROUS

Dimanche après midi, la tension était à son comble à l'hôpital de Kélibia suite au décès d'un nourrisson. Les parents ont estimé qu'il y avait eu erreur médicale et avaient semé la pagaille, entrainant un mouvement de grève lundi au sein de la structure hospitaliè­re. Aujourd'hui, la grogne a changé de camp et ce sont les médecins et les paramédica­ux qui haussent le ton pour dénoncer l'arrestatio­n abusive de leurs collègues en pleine garde de nuit.

Dimanche après midi, la tension était à son comble à l'hôpital de Kélibia suite au décès d'un nourrisson. Les parents ont estimé qu'il y avait eu erreur médicale et avaient semé la pagaille, entrainant un mouvement de grève lundi au sein de la structure hospitaliè­re. Aujourd'hui, la grogne a changé de camp et ce sont les médecins et les paramédica­ux qui haussent le ton pour dénoncer l'arrestatio­n abusive de leurs collègues en pleine garde de nuit.

Lundi soir, le médecin de garde ainsi qu'une infirmière ont été arrêtés au sein même de l'hôpital et ont été transférés à Tunis pour interrogat­oire. Ils ont ainsi dû répondre aux questions des enquêteurs jusqu'à une heure tardive pour prouver leur innocence et expliquer que la mort du nourrisson n'était point reliée à l'injection qu'il avait reçue en début de matinée dimanche aux urgences. Suite à cet interrogat­oire forcé, ils ont été relâchés à 3h du matin et ont dû se débrouille­r pour rentrer en pleine nuit à Kélibia par leurs propres moyens. Une démonstrat­ion de force qui a soulevé l'ire de leurs collègues qui se sont soulevés contre ces pratiques humiliante­s pour le corps médical et paramédica­l d'autant plus que, légalement, il n'est possible d'interroger un médecin fonctionna­ire qu'en présence d'un médecin inspecteur. Ils estiment ainsi que l'atteinte à leur dignité est double et que cette mésaventur­e a entaché encore plus la relation du citoyen avec le corps médical. Mais que s'est-il réellement passé dimanche dans cet hôpital ? Noura Borsali, directrice générale de la santé, a déclaré que le jeune enfant avait été admis à l'hôpital une première fois le matin puis une deuxième pour troubles respiratoi­res aigus en début d'après midi avant de décéder juste après. Elle a tenu, dans sa déclaratio­n, à innocenter les agents de la santé tout en précisant qu'une enquête a aussitôt été ouverte, menée par une équipe d’inspection locale de Kélibia et qu'un comité d’experts du ministère de la Santé devrait rendre son verdit sous peu pour éclaircir les tenants et aboutissan­ts de cette affaire et définir les responsabi­lités de chacun.

Dr Mohamed Douagi a, quant à lui, apporté quelques détails pour dire que le nourrisson qui a été admis à l'hôpital dimanche était souffrait, depuis 11 jours, de la maladie des oreillons. La mère avait supplié le médecin de lui donner un autre médicament que ceux qu'il prenait déjà et face à son refus, elle l'a prié de lui faire une injection qui l'aiderait à aller mieux. Le praticien lui a, alors, une toute petite quantité d'unidex. Mais la mère ne s'est pas contentée de garder son enfant chez elle. Elle l'a plutôt emmené... à la plage. Vers 13h, l'enfant ne parvenant plus à respirer, ses parents se sont, de nouveau, rendus à l'hôpital mais il décèdera peu après. Pour Dr Douagi ainsi que la majorité de ses pairs, la faute n'incombe en aucun cas au médecin traitant ni à l'infirmière. Tous se demandent toutefois pour le ministère de la Santé n'a pas pris la défense des deux profession­nels de la santé qui ont été transférés dans un camion de police comme des malfaiteur­s. Tous se demandent jusqu'à quand ces présomptio­ns d'erreurs médicales continuero­nt à traîner dans la boue médecins et paramédica­ux. Tous se demandent enfin s'ils ne feraient pas mieux de suivre les plus jeunes qui quittent, l'un après l'autre, la Tunisie pour aller exercer ailleurs leur noble métier, dans des pays qui les aiment bien d'une part et qui les respectent surtout.

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