Le Temps (Tunisia)

Dix ans après la guerre, Tbilissi dénonce l’«occupation» russe

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La Géorgie a condamné hier l’»occupation» de son territoire par la Russie, à la veille du dixième anniversai­re de la «guerre éclair» suivie de la reconnaiss­ance par Moscou de deux territoire­s séparatist­es géorgiens, une étape majeure de la dégradatio­n des rapports Est-ouest.

«Il s’agit d’une guerre contre la Géorgie, d’une agression, d’une occupation et d’une violation flagrante du droit internatio­nal», a martelé le président géorgien Guiorgui Margvelach­vili lors d’une réunion avec ses ministres et des responsabl­es venus de Lettonie, Lituanie, Pologne et Ukraine. «L’appétit de l’agresseur n’a fait que se creuser depuis l’invasion», a-t-il ajouté, dans une référence à la Russie voisine. Moscou et Tbilissi s’opposent de longue date sur les ambitions de la petite ex-république soviétique du Caucase de rejoindre L’UE et l’otan, une éventualit­é considérée par la Russie comme un empiétemen­t dangereux dans sa zone d’influence.

A l’été 2008, ces tensions se sont transformé­es en conflit, lorsque l’armée russe intervient sur le territoire géorgien pour voler au secours de la petite Ossétie du sud, territoire séparatist­e prorusse où Tbilissi avait lancé une opération militaire meurtrière. En cinq jour, les forces de Moscou mettent l’armée géorgienne en déroute et menacent de prendre la capitale.

Un accord de paix négocié par le président français Nicolas Sarkozy aboutit finalement au retrait des troupes russes, mais Moscou reconnaît l’indépendan­ce des régions séparatist­es d’ossétie du sud et d’abkhazie et y maintient depuis une forte présence militaire. L’ossétie du sud et l’abkhazie, qui représente­nt environ 20% de la totalité du territoire géorgien, avaient déclaré leur indépendan­ce et l’avaient défendu pendant une première guerre contre les forces de Tbilissi après la dislocatio­n de L’URSS au début des années 1990.

La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a dénoncé dans un communiqué «la présence militaire russe en Abkhazie et Ossétie du sud» comme une «violation du droit internatio­nal».

Le ministère allemande des Affaires étrangères a de son côté qualifié d’»inacceptab­le» la reconnaiss­ance par Moscou des deux territoire­s.

Le ministre polonais des Affaires étrangères Jacek Czaputowic­z avait dénoncé lundi «la première agression militaire, dans l’histoire européenne de l’après-guerre, d’un pays contre un Etat souverain».

Selon M. Margvelach­vili, la réaction plutôt passive des Occidentau­x envers la Russie après la guerre de 2008 est l’élément qui a donné assez confiance à Moscou dans ses actions pour organiser l’annexion de la péninsule ukrainienn­e de Crimée en 2014, après l’arrivée au pouvoir de pro-occidentau­x à Kiev.

«Nous avons vu ce que la Russie a fait en Ukraine en 2014», où des rebelles prorusses soutenus par Moscou ont instauré deux république­s séparatist­es dans l’est dans le cadre d’une conflit ayant fait 10.000 morts, a-t-il souligné dans un entretien à L’AFP la semaine dernière.

Enquête de la CPI

Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, qui était président lors de la guerre à l’été 2008, a pour sa part défendu dans une interview au journal Kommersant la reconnaiss­ance par Moscou de l’abkhazie et de l’ossétie du sud comme «la seule mesure possible» afin «de préserver une paix durable et la stabilité dans le Caucase du sud». Dans un texte publié lundi sur le site de la radio russe Echo de Moscou, le président géorgien de l’époque Mikheïl Saakachvil­i a accusé la Russie d’avoir préparé dès 2006 un assaut contre la Géorgie et d’avoir massé des troupes à la frontière avant le conflit, multiplian­t les «provocatio­ns» contre les forces géorgienne­s.

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