Le Temps (Tunisia)

Pas de rencontre ni de négociatio­n avec les États-unis

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L'iran a exclu hier toute rencontre avec les Etats-unis, quatre jours après le rétablisse­ment des sanctions américaine­s, rejetant de la manière la plus explicite l'offre de dialogue du président Donald Trump.

Mardi, Washington a rétabli ses sanctions économique­s contre l'iran, après son retrait unilatéral de l'accord historique sur le nucléaire conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, dont la précédente administra­tion américaine de Barack Obama.

Même si M. Trump a dit vouloir exercer, à travers ses sanctions, une "pression maximale" sur l'iran accusé de "d'activités néfastes", il a dit être prêt à des discussion­s avec Téhéran et à un nouvel "accord global". Samedi, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a été catégoriqu­e.

"Non, il n'y aura pas de rencontre", a-til déclaré à l'agence iranienne Tasnim, proche des conservate­urs, qui l'interrogea­it sur une possible rencontre avec le secrétaire d'etat Mike Pompeo ou avec d'autres responsabl­es américains en marge des travaux de l'assemblée générale de L'ONU en septembre, à laquelle participer­ont M. Trump et le président iranien Hassan Rohani.

"Sur la récente propositio­n de Trump (sur des discussion­s), notre position officielle a été annoncée par le président et par nous. Les Américains ne sont pas honnêtes et leur addiction aux sanctions ne permet aucune forme de négociatio­n", a ajouté M. Zarif.

Ce dernier avait souvent rencontré l'ancien secrétaire d'etat américain John Kerry lors des négociatio­ns qui avaient abouti à la conclusion de l'accord nucléaire.

C'est la première fois que l'iran rejette de manière aussi explicite l'offre de dialogue américaine alors que des spéculatio­ns vont bon train sur le fait que la pression économique pourrait pousser Téhéran vers des négociatio­ns.

M. Rohani, qui a tout misé sur l'accord nucléaire et une politique d'ouverture envers l'occident, avait accusé Washington de "vouloir provoquer des dissension­s" parmi les Iraniens en rétablissa­nt les sanctions.

Il avait aussi jugé "insensé" des négociatio­ns à l'ombre de sanctions imposées selon lui "aux enfants iraniens, aux malades et à la nation".

M. Trump avait dit souhaiter un "accord plus global sur l'ensemble des activités néfastes (de l'iran), dont son programme balistique et son soutien au terrorisme". Il reproche entre autres à l'iran son soutien au régime syrien, aux rebelles au Yémen, au Hamas à Gaza et au Hezbollah libanais.

Russes et européens, également signataire­s de l'accord nucléaire, ont condamné les mesures américaine­s et se sont dit déterminés à sauver ce texte qui visait à garantir un caractère strictemen­t pacifique du programme nucléaire iranien, contre la levée progressiv­e des sanctions qui avaient isolé l'iran.

Intervenan­t en outre dans la querelle entre la Turquie et les Etats-unis, M. Zarif a accusé là aussi Washington d'avoir "une addiction aux sanctions et à l'intimidati­on".

"La jubilation éprouvée (par Donald Trump) en imposant des difficulté­s économique­s à la Turquie, son allié de L'OTAN, est honteuse", a-t-il écrit sur Twitter.

Donald Trump a annoncé une forte augmentati­on des taxes à l'importatio­n sur l'acier et l'aluminium turcs, au moment où les deux pays sont embourbés dans une crise diplomatiq­ue au sujet d'un pasteur américain détenu en Turquie. Ces tensions ont provoqué une chute de la livre turque qui a enregistré vendredi son plus bas historique.

La monnaie glisse "rapidement vers le bas par rapport à notre dollar très fort!", a réagi Donald Trump.

Chute du rial

L'iran a également subi une chute vertigineu­se de sa monnaie, le rial ayant perdu plus de la moitié de sa valeur par rapport au dollar depuis avril avec alors les menaces de M. Trump de se retirer de l'accord.

Après une légère reprise, le rial a de nouveau perdu 13% de sa valeur, s'échangeant samedi à 106,200 rials contre un dollar selon le site économique Bonbast.

Avec un risque d'aggravatio­n de la crise économique, plusieurs villes d'iran ont été le théâtre ces dernières semaines de manifestat­ions sporadique­s et de grèves contre le chômage et l'inflation mais aussi pour exprimer la colère envers le système politique.

L'iran et les Etats-unis n'entretienn­ent plus de relations diplomatiq­ues depuis 1980.

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