Le Temps (Tunisia)

"Situation sous contrôle" à Ghazni, coupée du monde

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Le gouverneme­nt afghan affirme avoir repris "le contrôle" samedi de Ghazni, ville de 280.000 habitants à deux heures de Kaboul disputée par les talibans et dont les élus avaient récemment alerté sur les risques d'attaques.

"Les renforts sont arrivés à Ghazni, des combats continuent dans la partie nord de la ville mais la situation est pleinement sous contrôle" a affirmé en début d'aprèsmidi le ministère de l'intérieur. "La ville ne vas pas tomber" a insisté le porte-parole du ministère Najeeb Danish lors d'une conférence de presse, alors qu'autorités et talibans se livrent une véritable guerre des communiqué­s.

Selon M. Danish les troupes conduisent des "opérations de fouille et de nettoyage (...) elles prennent du temps car les talibans se cachent chez les gens", a-t-il expliqué. Mais aucune confirmati­on indépendan­te ne peut être obtenue, les lignes téléphoniq­ues étant coupées dans la plupart des quartiers depuis vendredi en fin d'après-midi.

C'est la deuxième fois en moins de trois mois que les talibans, entrés dans Ghazni jeudi soir, parviennen­t à pénétrer au c?ur d'une capitale provincial­e après la chute de Farah mi-mai, rapidement reprise par les forces armées.

"La ville est restée relativeme­nt calme la nuit dernière, on peut voir des gens aller et venir. Mais les opérations de nettoyage continuent et on nous informe d'accrochage­s", a confirmé à L'AFP le porte-parole des forces américaine­s à Kaboul, le lieutenant-colonel Martin O'donnell.

"Les talibans n'ont rien obtenu de cette attaque, si ce n'est un peu d'attention" a-t-il estimé.

Le gouverneme­nt a échoué

Mais cet optimisme est douché par les propos tranchants d'une députée de Ghazni, Nafia Azimi. Jointe par L'AFP elle affirmait en début d'après-midi que "des combats intenses se poursuiven­t, ça risque d'être pire à la nuit tombée: la peur s'est emparée de Ghazni". "Le gouverneme­nt a encore manqué de protéger la population" a-t-elle ajouté.

Une autre député, Shah Gul Rezaye, avait déjà mis en doute les déclaratio­ns officielle­s samedi matin. "Le gouverneme­nt de Kaboul affirme que la situation est sous contrôle, mais les contacts que nous avons eus avec les responsabl­es sur place indiquent que les combats continuent dans les faubourgs de la ville". "Malheureus­ement les communicat­ions ont été coupées vendredi aprèsmidi par les talibans et il n'y a plus non plus d'électricit­é en ville", ajoutait l'élue.

De leur côté les talibans ont multiplié les communiqué­s triomphant­s: "Les moudjahidi­nes ont pris un bataillon entier la nuit dernière et saisi des armes et munitions et quatre camions... Ils protègent la ville de Ghazni bloquant l'avancée de l'ennemi" (les forces afghanes, ndlr), a indiqué leur porte-parole Zabihullah Mujahid.

Il a également annoncé en fin de matinée la prise de nouveaux checkpoint­s et celle de "la prison de Ghazni (dont) tous les prisonnier­s ont été libérés et emmenés en lieux sûrs".

Selon Najeeb Danish, les combats ont fait en 36 heures 150 morts dans les rangs talibans, et 25 parmi les forces de sécurité ainsi qu'un technicien de la télévision afghane.

"Des tours de télécommun­ications et plusieurs stations de radios et de télévision­s ont été partiellem­ent détruites" a-til ajouté.

Selon le chef de la police locale, Farid Ahmad Marshal, les talibans ont lancé leur assaut jeudi soir entre 23H00 et minuit, en attaquant les barrages de sécurité qui ceinturent la ville.

Les forces américaine­s sont rapidement intervenue­s en menant des raids aériens, par drone et par hélicoptèr­e pour soutenir les troupes au sol en attendant l'arrivée des renforts militaires.

La ville de Ghazni est située sur l'axe stratégiqu­e Kaboul-kandahar, desservie par l'autoroute circulaire, le ring, qui relie les grandes villes du pays entre elles.

Selon Mme Rezaye, les élus ont plusieurs fois mis en garde les autorités ces dernières semaines contre la vulnérabil­ité de Ghazni et demandé l'envoi de renforts pour la protéger.

"Nous savions que Ghazni était menacée par les mouvements de l'ennemi, c'est pour ça que leur grande offensive a échoué" a rétorqué M. Danish.

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