Le Temps (Tunisia)

La crise pèse sur l'euro et les devises émergentes

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L'effondreme­nt de la livre turque sur fond de tensions entre Ankara et Washington agitait lundi les cambistes, qui craignent d'éventuelle­s répercussi­ons sur les banques européenne­s, et par ricochet sur l'euro, ainsi que sur les monnaies d'autres pays émergents. Vers 19H00 GMT (21H00 à Paris), la monnaie unique européenne s'échangeait à 1,1387 dollar après être tombée vers 05H00 GMT à 1,1365 dollar, son plus bas niveau depuis mai 2017. Vendredi vers 21H00 GMT, un euro valait 1,1413 dollar.

La devise européenne reculait également face au yen à 126,05 yens contre 126,51 yens vendredi soir. Vers 05H00 GMT, elle est tombée à 125,15 yens, son plus bas niveau depuis fin mai.

Le dollar baissait un peu face au yen à 110,69 yens, contre 110,83 yens vendredi.

Les investisse­urs concentrai­ent leur attention sur la Turquie, la devise du pays étant tombée à son plus bas niveau historique pendant la séance asiatique, à 7,2362 livres pour un dollar, avant de se reprendre autour de 7,0066 livres pour un dollar vers 19H00 GMT après l'annonce d'un plan de riposte.

En l'espace de trois mois, la monnaie turque a perdu plus de 40% de sa valeur face au billet vert.

La banque centrale de Turquie a bien annoncé lundi qu'elle prendrait "toutes les mesures nécessaire­s" pour assurer la stabilité financière.

Mais la décision qu'attendaien­t les marchés, une hausse des taux d'intérêt pour juguler l'inflation galopante, n'ayant pas été annoncée, les promesses de la banque centrale "auront probableme­nt un effet limité", a jugé Connor Campbell, analyste pour Spreadex. Et quand le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé lundi les Etats-unis de chercher à frapper la Turquie "dans le dos", ravivant les craintes liées aux tensions diplomatiq­ues, la livre turque s'est de nouveau inscrite en baisse.

L'euro est affecté par cette crise turque car les investisse­urs redoutent ses conséquenc­es sur plusieurs grandes banques européenne­s particuliè­rement exposées.

Même si aux yeux de certains analystes comme ceux de Deutsche Bank, "les conséquenc­es devraient être gérables pour les banques européenne­s", tous ces remous pourraient avoir des conséquenc­es sur la politique monétaire menée par la Banque centrale européenne, a souligné Mazen Issa de TD Securities.

Alors que l'euro vient de passer endessous des 1,15 dollar, qui correspond plus ou moins à la médiane entre son plus bas niveau face au dollar en 2017 et son plus haut en 2018, "les gestionnai­res d'actifs sont sûrement en train de se poser des questions sur la conduite à tenir", a estimé M. Issa.

Dans ce contexte les investisse­urs se tournaient vers des actifs jugés sûrs comme le dollar mais aussi le yen et le franc suisse.

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