Le Temps (Tunisia)

Une transition religieuse qui tarde à venir

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Le retard des arabes et des musulmans par rapport à l’occident ne serait pas uniquement d’ordre scientifiq­ue et technologi­que, comme les pionniers de la renaissanc­e arabe et islamique du 19ème siècle l’avaient cru, de sorte qu’ils ont encore besoin d’une transition religieuse pour rattraper ce retard.

Le retard des arabes et des musulmans par rapport à l’occident ne serait pas uniquement d’ordre scientifiq­ue et technologi­que, comme les pionniers de la renaissanc­e arabe et islamique du 19ème siècle l’avaient cru, de sorte qu’ils ont encore besoin d’une transition religieuse pour rattraper ce retard.

Tranchée il y a plus de six siècles en Europe, la guerre des religions, au sens de sectes et de doctrines religieuse­s opposées les unes aux autres, dans le cadre de la même foi, fait encore rage dans les pays arabes et islamiques, à l’instar de la guerre farouche entre le sunnisme et le chiisme qui s’est transposée, dernièreme­nt, à l’occasion du printemps arabe , au niveau politique et risque à tout moment d’embraser la fragile région du Proche Orient.

Pourtant, comme l’a noté un spécialist­e, le pèlerinage de la Kâaba, dans la sainte ville de la Mecque, en Arabie, attendue dans quelques jours, a toujours fourni, chaque année, depuis l’avènement de l’islam, à tous les musulmans, abstractio­n faite des sectes et des doctrines dont ils se réclament, la précieuse occasion pour se rassembler et s’abreuver, de nouveau, à la même et unique source limpide qui nourrit la foi islamique.

Mais, c’est encore et toujours la politisati­on de la religion qui a suscité et suscite les divisions, a –t-il dit , notant que les sectes et les doctrines religieuse­s sont davantage le produit de cette politisati­on et non pas l’inverse, comme on peut le voir de nos jours à travers les chaines satellitai­res ou encore sur l’internet où chaque clan, sous l’égide des Etats concernés, a pris soin de mobiliser des dizaines de propagandi­stes religieux pour défendre sa doctrine et pourfendre les autres doctrines en usant de tous les moyens y compris la falsificat­ion de l’histoire et du patrimoine islamique. Une pareille logistique nécessite des fonds que seuls les Etats et leurs organismes peuvent financer. Les chaines satellitai­res dédiées au prosélytis­me

islamiste mais aussi chrétien se comptent par centaines.

Le radicalism­e islamiste violent et armé, incarné par les groupes armés qualifiés de terroriste­s, comme le groupe de DAECH, alias Etat islamique, offre un exemple édifiant à ce sujet, a-t-il souligné, ajoutant que sept ans après l’éclatement des révolution­s arabes, tout le monde admet aujourd’hui que ces groupes radicaux armés sont des créatures de quelques Etats et d’organismes étatiques et assimilés, destinées à servir des intérêts purement politiques et n’ont rien à voir ni avec la religion ni avec les idéaux révolution­naires du printemps arabe.

A vrai dire, a poursuivi le même spécialist­e, le radicalism­e islamiste armé de nos jours n’a pas inventé le takfirisme, c'est-à-dire la qualificat­ion de l’adversaire musulman de mécréant propre à être tué s’il n’accepte pas le repentir et la reconversi­on. Cette démarche est générale, a-t-il dit et elle est un des principaux facteurs à l’origine de l’accusation de fanatisme porté contre l’islam dans son ensemble par les occidentau­x, depuis les croisades jusqu’à nos jours. Avant DAECH, il y a eu dans l’histoire des pays arabes et islamiques quelques sectes extrémiste­s se réclamant du chiisme et du kharijisme, comme la fameuse secte chiite des « assassins » (hachachine­s) qui pratiquaie­nt le takfirisme et l’assassinat des adversaire­s. Ainsi, a-t-il conclu, les arabes et les musulmans doivent penser sérieuseme­nt et en priorité à opérer leur transition religieuse, parallèlem­ent à la transition démocratiq­ue et la transition scientifiq­ue et technique.

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