L’irak déchiré entre ses alliés américain et iranien
La visite du premier ministre Haïder Al-abadi à Téhéran a été annulée, après son annonce qu’il appliquerait les sanctions de Washington. Le rétablissement des sanctions américaines contre l’iran, dont le premier volet est entré en vigueur le 7 août, s’annonce potentiellement déstabilisateur pour l’irak, pris en tenailles entre Téhéran et Washington, ses deux partenaires stratégiques. L’assurance donnée par le premier ministre irakien, Haïder Al-abadi, de respecter, quoique « contraint » , le régime des sanctions, qu’il a qualifié d’«erreur stratégique», a provoqué l’ire de la République islamique.
Dimanche 12 août, sa visite officielle en Iran a été annulée. Si son cabinet invoque « un calendrier chargé», des sources irakiennes ont indiqué, sous couvert d’anonymat, que l’annulation émanait de Téhéran. L’imbroglio diplomatique fait suite à des critiques sévères visant en Irak l’iran et ses alliés.
Dans un communiqué, Moujtaba Al-hussein, le représentant à Bagdad de l’ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême de la République isla- mique, a dénoncé dimanche « une attitude déloyale envers la position honnête de l’iran et du sang des martyrs que ce pays a versé pour défendre la terre d’irak face au groupe Etat islamique. (…) Nous sommes attristés par cette position qui montre que [M. Abadi] est défait psychologiquement face aux Américains». L’organisation chiite irakienne Badr, principale composante de l’alliance de la Conquête, arrivée en seconde position aux élections législatives du 12 mai, a appelé le gouvernement à « soutenir et défendre l’iran» face à «a volonté américaine injuste».
«Nous n’avons pas d’autre choix. Tout le commerce en Irak est réalisé en dollars, notamment pour les exportations de pétrole», explique le conseiller économique de M. Abadi, Madhar Mohammad Saleh Artisan de l’équilibre entre ces deux puissances ennemies, engagées auprès de l’irak dans la lutte contre L’EI, Haïder Al-abadi prend le risque d’apparaître aligné sur l’allié américain.