Qui tire les ficelles du pouvoir à Hannibal TV ?
Le Temps - Le pays est-il en train de vivre la loi de la jungle, alors que, depuis l’indépendance, le leader Habib Bourguiba a tout fait pour lui éviter les errements des autres Etats qui se sont débarrassées dans les années 50 et 60 du joug du colonialisme, en instituant le premier Etat africain et arabe ayant une constitution, transformé en République et qui compte sur l’apport de ses enfants, pour sortir du sous-développement. Près de 56 ans après l’indépendance, les péripéties vécues par le citoyen tunisien provoquent chez lui les craintes d’un retour vers les périodes les plus sombres, avec la montée de l’islamisme le plus extrémiste, le règne de l’argent sale, de la corruption et des malversations, ainsi que les dérives de tous les secteurs d’activités qui plongent dans un abime sans fin.
Dans ce sens, ce qui se passe dans certaines chaînes TV qui ont eu l’opportunité de profiter du vide juridique et l’absence de loi, pour faire la danse des loups et agir comme bon leur semble.
Ainsi, trente-quatre journalistes, techniciens et agents de la chaîne de télévision privée "Hannibal" ont été informés jeudi de leur licenciement sur fond de leur refus de renégocier leurs émoluments en dehors d'un cadre légal.
Selon le Secrétaire général du Syndicat de base de la Chaîne de télévision "Hannibal TV", Ali Achour, l’administration de la télévision veut licencier ces 34 employés en leur versant une partie de leur émolument, mais ils ont refusé d’accepter une offre en dehors d’un cadre légal ou de négocier en l’absence de représentants de l’inspection du travail et de l’union générale tunisienne du travail.
"En réaction à ce refus, l’administration a considéré que ces employés sont automatiquement licenciés", a-t-il ajouté.
Cette mesure est abuse et représente une violation de l’article 21 du Code du travail qui stipule que "tout employeur qui a l’intention de licencier ou de mettre en chômage pour des raisons économiques ou technologiques tout ou une partie de son personnel permanent, est tenu de la notifier au préalable à l’inspection du travail territorialement compétente". Le comble est que le propriétaire de cette chaîne n’est pas connu et, lors d'un rassemblement organisé, le 8 août 2018, devant les locaux de la chaîne de télévision privée "Hannibal TV", les journalistes et agents de la chaîne avaient appelé la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), à intervenir d'urgence et à leur fournir le nom du propriétaire de la chaîne, afin de négocier avec lui leurs droits matériels.
Selon le secrétaire général du syndicat de base de Hannibal TV, Ali Achour, les premières responsables de l'établissement se dérobent de leurs responsabilités, ce qui a "rendu difficile pour le personnel de l'établissement d'engager des négociations avec quiconque, vu qu'il est impossible de communiquer avec le directeur général Zouhaier Gambri".
Achour avait également fait état d'un climat de tension au sein de l'établissement, particulièrement après avoir notifié à une trentaine d'agents qu'ils seront licenciés après l'obtention d'une partie de leurs émoluments.
Pour le secrétaire général du syndicat, Hannibal TV use de tous les moyens pour dissuader journalistes et agents de poursuivre leur mouvement et de réclamer leurs droits notamment auprès de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).
Plus de 152 employés (journalistes, techniciens et agents) n'ont pas reçu leurs salaires depuis juin dernier, souligne-t-on de même source.
Un propriétaire inconnu, des salaires impayés, des travailleurs licenciés, sans préavis, sans être payés et sans que l’inspection de travail soit informé… C’est la pire des situations que peut atteindre une entreprise dans ce pays.