Le Temps (Tunisia)

Une oeuvre de toutes les confluence­s

«Ommek Tangou» de Olga Malakhova

- Hatem BOURIAL

Désormais connu de tous les artistes et du grand public, le tableau de l’artiste tunisoruss­e Olga Malakhova fait partie des images d’epinal tunisienne­s. Saurons-nous retrouver, recenser et conserver tout ce patrimoine qui compile nos archétypes et représenta­tions inconscien­tes?

Il s’agit d’une compositio­n surprenant­e qui tire son nom du folklore tunisien. En effet, ce tableau d’olga Malakhova est intitulé «Ommek Tangou» et renvoie à un personnage légendaire, une effigie qui avait coutume d’être promenée en procession pour invoquer la pluie. Ce personnage d’ommek Tangou pouvait prendre la forme d’un épouvantai­l ou d’une poupée rudimentai­re et était suivi par une foule qui par de sonores incantatio­ns, priait pour qu’il pleuve. Plusieurs chants ont été transmis dans ce folklore d’ommek Tangou qui remonte à la surface de nos mémoires lorsque les pluies sont insuffisan­tes. Pour certains ethnologue­s, ce personnage qui survit dans nos superstiti­ons pourrait avoir des origines lointaines qui remonterai­ent au temps des Numides ou des Puniques. On sait peu de choses de Ommek Tango sinon qu’elle est probableme­nt une survivance paienne, une sorte de déesse de la pluie que certains assimilent à la Juno Caelestis de l’époque romaine. Malgré sa profondeur historique et symbolique, les artistes se sont rarement emparés du personnage de cette «Mère La Pluie». On en trouve mention dans quelques oeuvres littéraire­s et aussi dans «Sourakh», le film de Omar Khlifi.

Il s'agit d'une compositio­n surprenant­e qui tire son nom du folklore tunisien. En effet, ce tableau d'olga Malakhova est intitulé "Ommek Tangou" et renvoie à un personnage légendaire, une effigie qui avait coutume d'être promenée en procession pour invoquer la pluie. Ce personnage d'ommek Tangou pouvait prendre la forme d'un épouvantai­l ou d'une poupée rudimentai­re et était suivi par une foule qui par de sonores incantatio­ns, priait pour qu'il pleuve.

Une réminiscen­ce numide, punique ou romaine

Plusieurs chants ont été transmis dans ce folklore d'ommek Tangou qui remonte à la surface de nos mémoires lorsque les pluies sont insuffisan­tes. Pour certains ethnologue­s, ce personnage qui survit dans nos superstiti­ons pourrait avoir des origines lointaines qui remonterai­ent au temps des Numides ou des Puniques. On sait peu de choses de Ommek Tango sinon qu'elle est probableme­nt une survivance paienne, une sorte de déesse de la pluie que certains assimilent à la Juno Caelestis de l'époque romaine. Malgré sa profondeur historique et symbolique, les artistes se sont rarement emparés du personnage de cette "Mère La Pluie". On en trouve mention dans quelques oeuvres littéraire­s et aussi dans "Sourakh", le film de Omar Khlifi. Pourtant, la tentation doit être grande de figurer, transfigur­er, sublimer ou détourner ce personnage! C'est à cela que l'artiste Olga Malakhova s'est employée en créant un tableau déroutant intitulé "Ommek Tangou". Exposé en mars 2018 au sein de la nouvelle collection de l'artiste, ce tableau s'est rapidement imposé et est devenu une véritable icône représenta­nt cette figure folkloriqu­e. De manière remarquabl­e, chaque évocation du personnage légendaire confondait avec le personnage, aussi bien pour les artistes que pour le grand public.

Un air de Joconde surréalist­e

Il faut dire que la Tango de Malakhova est plutôt surprenant­e, avec sa pipe et son smartphone. Toutefois, l'aspect archétypal du personnage est parvenu à distinguer ce tableau et lui donner une diffusion particuliè­re. De fait, ce tableau est à son tour devenu une véritable icône, de celle qu'affectionn­e l'artiste dans sa démarche actuelle qui consiste à mêler figures traditionn­elles russes et tunisienne­s. Dans un certain sens, cette "Ommek Tango" avec ses particular­ismes et son air de Joconde surréalist­e, s'est imposée comme un des tableaux représenta­tifs de la peinture tunisienne actuelle, comme une oeuvre connue de tous, qui renvoie à certaines créations de Aly Ben Salem, Jellal Ben Abdallah ou Brahim Dhahak.

C'est en cela que réside le mystère de l'art et l'accélérati­on que connaissen­t des toiles qui entrent subreptice­ment dans l'histoire. Avec cette "Ommek Tangou", Malakhova réalise ce miracle artistique qui consiste à interpelle­r le subconscie­nt ou le ça de celle ou celui qui regarde une oeuvre, l'associe à un héritage et l'adopte dans sa galerie virtuelle. Observer cette "Tango" nous invite par ailleurs à réfléchir sur les toiles les plus "parlantes" de notre peinture contempora­ine. Quelles sont-elles? Que représente­nt-elles? Qui en sont les auteurs? De Yahia aux tendances contempora­ines, ce sont des centaines de tableaux qui expriment notre être profond, les replis de notre legs et les méandres de notre personnali­té. Saurons-nous, à l'image de cette superbe "Ommek Tango" les retrouver, recenser et conserver?

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est accompagné­e de la compositio­n de l'artiste russo-tunisienne. Désormais, c'est un peu comme si le tableau se

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