Le retour des réfugiés syriens est prématuré
La France a jugé hier prématuré et "illusoire" un retour des réfugiés syriens dans leur pays compte tenu des conditions actuelles, notamment d'une possible offensive militaire du régime de Bachar al Assad à Idlib, qui ne permettent pas selon Paris de garantir un retour "volontaire, sûr et digne".
"À ce jour ces conditions ne sont pas réunies", a déclaré la porte-parole du Quai d'orsay lors d'un point presse électronique. "L'adoption de la loi 10 qui prive les réfugiés et les déplacés de leurs propriétés, l'instabilité du pays et les cas d'arrestation et de conscription forcée de réfugiés rentrés depuis le Liban, témoignent de la poursuite par le régime d'une stratégie de prédation envers les réfugiés et les déplacés."
"Alors que cette année a vu le mouvement de déplacés le plus important depuis le début du conflit et (...) que l'ensemble de la communauté internationale alerte sur les risques d'une crise humanitaire et migratoire majeure en cas d'offensive contre la province d'idlib, envisager un retour des réfugiés est illusoire, dans les conditions actuelles", a-t-elle ajouté.
Le conflit syrien, qui a commencé sous la forme d'une contestation pacifique et s'est transformé, sous l'effet de la répression du régime, en rébellion armée rejointe par la suite par des groupes djihadistes, a fait plus de 300.000 morts et poussé 5,6 millions de Syriens à trouver refuge dans les pays voisins et en Europe.
Après sept ans de guerre, le régime syrien est parvenu, avec l'aide militaire de son allié russe, à reprendre le contrôle d'une majorité de son territoire, à l'exception de la province d'idlib (nord-ouest), ultime refuge des groupes rebelles et de certains djihadistes.
La question du retour des réfugiés divise la communauté internationale et suscite l'inquiétude de l'onu et des organisations humanitaires qui ont mis à plusieurs reprises en garde contre tout retour forcé ou subi.
La Russie, soutien indéfectible du président syrien Bachar al Assad, a estimé la semaine dernière lors d'une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel, que tout devait être fait pour permettre le retour des réfugiés en Syrie. "Nous rappelons que seule une solution politique négociée conforme à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies permettra de créer les conditions d'un retour sûr, digne et volontaire des réfugiés", a insisté la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères jeudi. La France demande également "l'abrogation de la loi 10 et des garanties de la part du régime d'exemption de représailles et de conscription forcée", a-t-elle ajouté.