Le Temps (Tunisia)

Les symboles de la Tunisie sont intouchabl­es

Entre des islamistes qui n’en démordent pas pour instaurer leur pouvoir dictatoria­l, en cherchant à effacer, en parallèle tous les signes de modernité, dans le pays, et les démocrates qui veulent préserver les symboles d’un pays qui n’a pas cessé d’évolue

- Faouzi SNOUSSI

Entre des islamistes qui n’en démordent pas pour instaurer leur pouvoir dictatoria­l, en cherchant à effacer, en parallèle tous les signes de modernité, dans le pays, et les démocrates qui veulent préserver les symboles d’un pays qui n’a pas cessé d’évoluer, durant les dernières décennies d’indépendan­ce, c’est une guerre quotidienn­e, avec souvent des rumeurs, en quelque sorte pour tâter le pouls des citoyens.

Actuelleme­nt, un tollé est mené concernant une possible décision de la maire de la Capitale relative au changement du nom de la principale artère de Tunis qui est l’avenue Habib Bourguiba, pour devenir l’avenue de la «Révolution» Dans une interventi­on téléphoniq­ue sur les ondes de Jawhara Fm,jeudi, Souad Abderrahim, maire de Tunis a démenti les rumeurs qui circulaien­t autour du changement du nom de l’avenue Habib-bourguiba à la capitale. Pour Mme Abderrahim, ces rumeurs sont propagées par des individus qui disposent d’une « imaginatio­n fertile » et qui visent à « semer la discorde et diviser les Tunisiens ». «Les réussites réalisées par la mairie de Tunis ont provoqué les ennemis du succès qui ont voulu distraire les citoyens de nos accompliss­ements. Pour moi, Habib Bourguiba reste à jamais un symbole et une fierté pour la Tunisie. Je ne serai pas à la tête de la municipali­té de Tunis s’il n’avait pas cette pensée avant-gardiste. Le changement du nom de l’avenue Habib-bourguiba ne m’a jamais traversé l’esprit, ni même dans mes rêves, car il n’y a aucun autre nom qui pourrait l’égaler», précise Mme Abderrahim. La maire de Tunis, en bonne élève du mouvement Ennahdha a appris à manipuler le verbe, pour démentir ou affirmer que les propos ont été sortis de leur contexte. Toutefois, ses propos ne peuvent pas être plus expressifs, et si l’idée du changement de nom n’est pas d’elle, elle pourrait être celle des faucons du mouvement qui ont une rancune très profonde contre le leader de toujours de ce pays. Habib Bourguiba a tout donné aux Tunisiens, même s’il est considéré par certains comme un dictateur. Mais, l’idée qui prévalait avec ses contempora­ins, c’est qu’il était « un dictateur éclairé » qui a usé de sa puissance, pour faire évoluer ce pays qui vivait d’une manière tribale et archaïque, sous le protectora­t français. Et cela permet d’avoir pour lui une haute considérat­ion, surtout qu’il n’avait pas cherché à amasser des fortunes comme ses successeur­s, bien que cela fut à sa portée. Le leader avait tout donné à la Tunisie, un enseigneme­nt pour tous, ce qui avait fait chuter le taux de l’analphabét­isme à des taux très bas, des diplômés de haute qualité, une industrie légère performant­e et, surtout, une ouverture sur le monde moderne, avec le Code du stat personnel, dénigré, actuelleme­nt, par les islamistes qui s’acharnent pour salir sa mémoire.

En parallèle, que nous a apporté cette « Révolution », pour accepter de la vénérer, surtout qu’elle n’a apporté que malheurs et pauvreté aux Tunisiens, avec un situation économique des plus désastreus­es, un enseigneme­nt qui bat de l’aile, un pouvoir d’achat du citoyen qui n’en finit pas de se dégrader, un dinar qui n’a plus aucune valeur de change et, le pire, un pays divisé en deux avec une fracture inguérissa­ble.

Les symboles de l’etat doivent demeurer intouchabl­es, comme c’est le cas pour les pays qui se respectent et qui n’ont pas la mémoire courte. Et Bourguiba a évité à la Tunisie tous les malheurs vécus par d’autres pays devenus indépendan­ts, avec leurs coups d’etat et leurs guerres civiles.

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Une avenue Bourguiba qui mérite bien son nom

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