Korbous: Aux sources d'une station…
Korbous est connue et reconnue pour ses eaux thermales. Cet avantage et le fait que cette station du Cap-bon est nichée dans un super paysage, entre ciel, mer et montagne, attire, durant toutes les saisons, un grand nombre de curistes.
Que d'articles élogieux n'a-t-on pas écrit sur Korbous ! Il faut dire qu'il y a de quoi !
Nichée à flanc de montagne, cette station est connue pour ses bienfaits thérapeutiques grâce à ses différentes sources d'eau chaude (dont la température varie entre 50° et 60°)
Korbous est connue et reconnue pour ses eaux thermales. Cet avantage et le fait que cette station du Cap-bon est nichée dans un superbe paysage, entre ciel, mer et montagne, attire, durant toutes les saisons, un grand nombre de curistes.
Que d’articles élogieux n’a-t-on pas écrit sur Korbous ! Il faut dire qu’il y a de quoi ! Nichée à flanc de montagne, cette station est connue pour ses bienfaits thérapeutiques grâce à ses différentes sources d’eau chaude (dont la température varie entre 50° et 60°) qui coulent des hauteurs pour se jeter dans la mer, telle qu’aïn El Atrous (la source du bouc) qui est la plus fréquentée. Les autres sources sont, entre autres, Aïn Kanassira (que certains orthographient Kalassira ou encore Kalla Srira, à une bonne heure de marche de Korbous), Aïn Sbia (source de la vierge, actuellement fermée pour «réhabilitation» et laissée à l’abandon), Aïn Fakroun (source de la tortue, car pour la trouver il faut ramper), Aïn Cheffah (source de la guérison), et Aïn Kébira (grande source). Ces sources faisant oublier aux plus croyants que la guérison est entre les mains de Dieu…
«Aux normes européennes»
Les bienfaits de ces eaux thermales ne datent pas d’hier. Dès le début du 20e siècle, les spécialistes les comparent aux eaux thermales européennes. Ainsi, dans le n°83 de septembre 1910 de «Revue tunisienne», éditée par L’institut de Carthage, dans des communications, réalisée lors de la réunion générale du 23 avril 1910, et ayant pour sujet «Les eaux de Korbous à l’institut de Carthage» (p389 à 408), on peut lire en p 402 : «Les eaux du groupe thermo-minéral de Korbous présentent donc une radioactivité relativement considérable et elles peuvent prendre place à côté des eaux minérales d’europe les plus réputées sous ce rapport». Dans son édition n°2236 du 08 au 12 janvier 1931, le journal républicain «La Petite Tunisie», dont le rédacteur en chef était Emile Lacroix, publie, en page Une, cet entrefilet ayant pour titre «S. A. LE BEY A KORBOUS» : «Nous avons déjà dit que S. A. le Bey [NDLR : Ahmed II Bey] affectionne tout particulièrement la belle et intéressante station thermale de Korbous, dont les eaux bienfaitrices seraient d'après l'avis de médecins, très supérieures à celles de beaucoup de villes d'eaux de la Métropole, qui jouissent cependant de la faveur publique» ; ajoutant : «Son Altesse ayant entendu dire que la Cie des Eaux Thermales et du Domaine de Korbous faisait allotir quelques parcelles (…), songerait à s'y faire construire une villa digne de son rang».
Petite leçon d’histoire
Toujours dans le n°83 de septembre 1910 de «Revue tunisienne», la communication, en p406, de Jules Renault du Cahier d’archéologie tunisienne, déclare : «Le nom de Korbous vient évidemment de Carpis, qui par corruption est devenu Gorbis, Garbès, Korbeus et enfin Korbous, ce nom n’étant devenu officiel qu’il y a trois ans environ [NDLR : soit vers 1906/1907]. C’est de Carpis qu’est sortie l’appellation Aquae Carpitainae que portait Korbous dans l’antiquité. Carpis, qui possédait un port destiné à l’embarquement pour Carthage des produits du Cap-bon, est une ancienne ville de l’afrique proconsulaire (…)» ; et en p 407 : «Korbous a existé dès la plus haute antiquité. A l’époque punique, ses eaux étaient déjà célèbres et les Romains n’ont fait que restaurer, en les augmentant, les thermes qui existaient déjà».
Après la période romaine, il faudra attendre le 19e siècle et Ahmed Ier Bey pour que Korbous retrouve un nouvel essor et surtout, le début du 20e siècle, l’arrivée d’edmond Lecore-carpentier pour que la ville retrouve sa vocation originale de ville de cure. Edmond Lecorecarpentier était le directeur, jusqu’en 1932, du journal de «La dépêche tunisienne» (1889-1961). D’après Charles-andré Julien, dans«colons français et Jeunestunisiens (1882-1912)», publié dans la «Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 54,n°194-197, Année 1967», pour gratifier Lecore-carpentier qui «se défendit de tout excès et ne fit d'autre politique que celle de la Résidence», «La Maison de France récompensa le fidèle directeur par des subventions (…) et par la concession des bains et thermes de Korbous, dont l'accès nécessita la construction onéreuse d'une route de 18 kilomètres en corniche», précisant que «la route qui coûta officiellement 800.000 francs était estimée par Thalamas (Chambre des députés, 1er décembre 1911) à 1.500.000 frs et par le rapporteur du budget de la Tunisie, Bouge (26 janvier 1912) à plus de deux millions d'après les entrepreneurs. Bouge ajoutait que Lecore-carpentier reçut, en 1906, après expropriation des indigènes, 600 hectares en toute propriété».
Le «mausolée» d’un saint pour un «païen»
D’ailleurs, Edmond Lecore-carpentier continue à surveiller Korbous à partir de son «mausolée» juché sur les hauteurs, faisant de lui un drôle de marabout. Un tombeau en état totalement lamentable, cassé, tagué, dont la moitié du revêtement du sol a été retiré, sûrement que certains habitants en avaient besoin pour terminer leur maison.
Le «mausolée» d’un saint pour un «païen», il faut dire que c’est assez original d’autant plus que, pour la Société des eaux thermales et du domaine de Korbous, Lecore-carpentier apparaissait comme un saint. En effet, dans «Le Sémaphore algérien du 27 décembre 1911» on peut lire : «Les circonstances qui faisaient redouter une mauvaise saison n'existant plus, il n'estpas douteux que 1911-1912 marqueront, pour la société, un exercice de prospérité. Cette affaire, dirigée très économiquement, fait espérer que, dans quelques années et à force de ténacité, ceux qui consacrent leur temps et leur argent recevront la juste récompense de leur désintéressement. On sait, en effet, que le conseil d'administration qui, statutairement, devait recevoir 12.000 francs par an de jetons de présence, y a spontanément renoncé depuis le 1er janvier 1908 et que le président, Lecore-carpentier, qui s'occupe de toute la gestion de cette affaire, le fait à titre absolument gratuit, allant même plus loin, puisqu'il a permis à la société de contracter un emprunt hypothécaire avec sa garantie personnelle».
Aussi bizarre que cela puisse paraître, la plupart des gens de Korbous ne sait pas que ce «mausolée» est celui d’edmond Lecore-carpentier et que la villa plus en contrebas est celle du directeur de «La dépêche tunisienne». Si on leur demande qui était le propriétaire de cette villa, ils nous répondent… Bourguiba ! D’autre part, deux demeures de style beylical, dont l’«immeuble El Andalous», sont laissées sans restauration ; ce qui laisse craindre que Korbous perde un jour ou l’autre son histoire pour laisser place à un style de vie anarchique, si cela n’a déjà commencé…
Zouhour HARBAOUI
Demain :
II-LA politesse n’y coule pas de… source !