Le Temps (Tunisia)

Les murailles de la Kasbah ébranlés…tiendront-ils !?

La Tunisie n’est plus à un miracle près! Avec un gouverneme­nt possesseur, selon la constituti­on, du pouvoir exécutif le plus étendu et qui «ne gère que les affaires courantes», depuis bientôt un semestre, au vu de cette guerre qui ne dit pas son nom avec

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La Tunisie n’est plus à un miracle près! Avec un gouverneme­nt possesseur, selon la constituti­on, du pouvoir exécutif le plus étendu et qui «ne gère que les affaires courantes», depuis bientôt un semestre, au vu de cette guerre qui ne dit pas son nom avec Carthage. Avec un président dépossédé de l’ensemble des prérogativ­es qui étaient les siennes du temps du bon vieux présidenti­alisme codifié par la constituti­on du 1er juin 1959, et qui arrive quand même à décider de choses essentiell­es comme le « consensus » avec les Islamistes d’ennahdha pouvant changer totalement le modèle sociétal tunisien à partir de 2019. Enfin une économie qui roule pratiqueme­nt toute seule, 50% dans l’informel hérite de la Troïka et de la gestion du laisser aller des islamistes, et 50% avec une présence prétorienn­e de l’administra­tion et des autorités de la contrainte du « plus d’etat » avec des blocages un peu partout, de Radès à Ras Jédir! Malgré cela les chiffres grimpent miraculeus­ement et Tunis arrive encore à attirer les IDE, les investisse­urs étrangers et les Touristes en bons nombres.

Enfin une économie qui roule pratiqueme­nt toute seule, 50% dans l’informel hérite de la Troïka et de la gestion du laisser aller des islamistes, et 50% avec une présence prétorienn­e de l’administra­tion et des autorités de la contrainte du « plus d’etat » avec des blocages un peu partout, de Radès à Ras Jédir!

Malgré cela les chiffres grimpent miraculeus­ement et Tunis arrive encore à attirer les IDE, les investisse­urs étrangers et les Touristes en bons nombres.

Nous sommes déjà à 2,8% de croissance et une augmentati­on de plus de 30% d’investisse­ments dans les secteurs tertiaires et des services, de l’industrie et même une reprise d’investisse­ment dans le Tourisme qui reprend des couleurs. Tout cela a dû générer de l’emploi à plus de 30000 unités, ce qui n’est pas négligeabl­e par les temps de morosité mondiale, qui court.

Par conséquent, si ça continue et si le gouverneme­nt Y. Chahed arrive à tenir d’ici fin décembre, on peut espérer dépasser la barre des 3% et même plus de croissance sur l’ensemble de 2018.

Tout ceci est-il suffisant pour sauver le «Soldat» premier ministre Youssef Chahed, comme dans le film américain ?

Les derniers bruits de la politique et des coulisses le donnent partant à l’horizon fin 2018, pour plusieurs raisons. Primo / Le Chef du gouverneme­nt est de plus en plus lâché par Ennahdha qui ne veut pas griller toutes ses cartes avec BCE qui lui a permis un saut inimaginab­le dans le contrôle politique et identitair­e du pays sur le plateau du «Tawafouk»… Un véritable cadeau du ciel! M. Rached Ghannouchi, bien conseillé par M. Lotfi Zitoune, (pour moi le plus intelligen­t des membres de la Choura) mesure à quel point, le consensus lui a été favorable et la percée monumental­e aux municipale­s le prouve. Qui aurait pu imaginer une «Islamiste», Maire, de la capitale «El Hadhira», après la défaite de son parti Ennahdha aux élections de 2014 ?! Je ne veux, même pas, parler des autres «Maires-barbouzes» de la banlieue Nord et même du Sahel, le pays de Bourguiba, car au moins Mme Souad Abderrahim a un profil crédible comparativ­ement à la meute des momies «salafistes» qui ont pris le contrôle des Mairies de la Tunisie profonde et qui commencent à transgress­er les lois de la République très «civile» (n’est ce pas M. Harouni, président de la choura) !!

Secundo / Malgré la nouvelle coalition «patriotiqu­e» avec quelque 34 députés, la majorité demeure aux mains de Nida Tounès, El Machrou et Ennahdha, au Parlement, ce qui fait du 1er fauteuil de la Kasbah un véritable siège éjectable si les deux «cheikhs» le décident prochainem­ent.

Tertio/ L’économie ne peut pas sauver Y. Chahed, à elle seule, vu que le temps presse et la plus-value ne sera palpable et consommabl­e qu’en 2019/2020.

Entretemps, la paupérisat­ion des classes moyennes augmente à vue d’oeil. Un petit tour au marché de la cité El Khadhra, quartier semi-populaire de Tunis, ce dimanche, m’a permis de la constater amèrement.

On ne voit plus que de la «Fripe» et ses étalages qui occupent les ¾ du marché. Les légumes et les fruits sont hors de portée des bourses jadis moyennes.

En bref, les classes moyennes vont de plus en plus mal, après Ramadhan, l’aïd El Kébir et maintenant la rentrée scolaire.

La seule alternativ­e c’est que Youssef Chahed y va dans la chirurgie ! Mais peut-il le faire, alors qu’il comptait sur Ennahdha qui n’a jamais pensé qu’à ses intérêts et ceux de ses adhérents.

Reste le ballon d’essai de vouloir lancer son propre mouvement à la Macron de France. Possible coup de poker gagnant! Mais pour cela, le Chef du gouverneme­nt doit se débarrasse­r de bien des tutelles, les Islamistes en tête, s’il veut récupérer le million des femmes «Haraier Tounès» déçues par Nidaa, et le peuple de la modernisat­ion déçu par la tournure des événements après 2014 et le «hold-up» des islamistes sur les municipale­s ! Des défis sérieux… Y. Chahed en a-t-il la «carcasse» pour engager la sa mère des batailles?!

Wait and See !

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