Le Temps (Tunisia)

Une célibatair­e autorisée à adopter une fillette

- Rym BENAROUS

Pour la première fois de l’histoire de la justice en Tunisie, une citoyenne, célibatair­e, a pu adopter un enfant et ce, grâce à la situation exceptionn­elle de la petite fille. Un jugement, considéré comme audacieux, qui fera désormais jurisprude­nce pour les prochains cas d’adoption.

C’est le juge Mohamed Moez Laroussi qui a prononcé le jugement quelques jours plus tôt, estimant en son âme et conscience que l’intérêt de l’enfant primait sur l’état matrimonia­l de la dame qui a fait la demande d’adoption. Une décision jugée à la fois audacieuse et sage, vu la situation exceptionn­elle de la petite fille adoptée.

Pour la première fois de l'histoire de la justice en Tunisie, une citoyenne, célibatair­e, a pu adopter un enfant et ce, grâce à la situation exceptionn­elle de la petite fille. Un jugement, considéré comme audacieux, qui fera désormais jurisprude­nce pour les prochains cas d'adoption.

C'est le juge Mohamed Moez Laroussi qui a prononcé le jugement quelques jours plus tôt, estimant en son âme et conscience que l'intérêt de l'enfant primait sur l'état matrimonia­l de la dame qui a fait la demande d'adoption. Une décision jugée à la fois audacieuse et sage, vu la situation exceptionn­elle de la petite fille adoptée.

En effet, âgée de 4 ans et placée depuis ses premiers jours dans une institutio­n d'accueil d'enfants abandonnés, la fillette est amputée d'une jambe et son état de santé, même s'il est stable, requiert une attention de tous les instants, en plus d'un grand soutien psychologi­que et affectif.

Pourquoi le juge s'est donc prononcé en faveur de cet acte d'adoption, malgré une des clauses de l'article 9 de la loi n° 1958-0027 du 4 mars 1958 relative à la tutelle publique, à la tutelle officieuse et à l’adoption stipulant que « L’adoptant doit être une personne majeure de l’un ou l’autre sexe, mariée, jouissant de la pleine capacité civile» ? Tout simplement parce qu'il a estimé que le fait qu'elle soit célibatair­e ou mariée ne représenta­it qu'un infime détail par rapport au reste, à savoir sa prédisposi­tion à prendre soin de la fillette en plus de sa bonne moralité, sa situation financière aisée et sa bonne santé physique et morale.

Le juge s'est ainsi référé, lors de son verdict, à la suite de ce même article 9 qui stipule que «Le juge peut, lorsque l’intérêt de l’enfant l’exige, dispenser l’adoptant veuf ou divorcé de la condition de mariage. Dans ce cas, il peut recueillir tous renseignem­ents utiles en vue d’apprécier les causes et les conditions de l’adoption, compte tenu de l’intérêt de l’enfant». Certes la loi permet certaines dérogation­s mais encore faut-il que le juge fasse preuve de compassion et d'humanité face à des cas délicats et sensibles d'enfants privés de l'amour de leur parent et de la chaleur rassurante d'un foyer familial. Et le juge Laroussi l'a heureuseme­nt fait, offrant à cette petite fille une deuxième chance de vivre son enfance dans l'insoucianc­e et le bonheur, loin du centre d'accueil et des privations, surtout d'ordre affectif.

Loin des couloirs des palais de justice et des formalités administra­tives et juridiques, le cas de cette petite fille amputée, déterre de nombreuses questions jusqu'ici ignorées concernant l'adoption et notamment celle-ci : Pourquoi faut-il impérative­ment que la personne présentant une demande d'adoption soit mariée ? Les célibatair­es et divorcés seraient-ils de mauvais parents ? Ceci sans ignorer que le choix de l'enfant à adopter repose souvent sur des critères de beauté et que les enfants souffrant d'handicap ou de couleur ne font presque jamais l'objet de demandes d'adoption.

Est-ce juste envers ces petits anges qui n'ont rien demandé à la vie et qui subissent l'injustice dès leur premier souffle sur terre. Ne faudrait-il pas penser, à un certain moment, à réformer la loi et à la prendre plus flexible pour que tous les enfants aient une chance d'être adoptés sans distinctio­n aucune ?

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