Le Temps (Tunisia)

Quand le passé ressurgit et éclaire le présent

C’est à travers une grande exposition de peintures, d’aquarelles et de dessins qui a lieu jusqu'au 31 août à la galerie Hédi Turki, à Sidi Bou Saïd, que les artistes plasticien­s Mhamed Ressaissi et son fils Ahmed Ressaissi perpétuent le souvenir de la vie

- Lotfi BEN KHELIFA

Une opportunit­é que les génération­s d’aujourd’hui, si le coeur leur en dit, devraient saisir pour découvrir particuliè­rement des aspects de la vie quotidienn­e dans la capitale et dans des villes de l’intérieur un demi siècle auparavant et plus encore. Et sur les cimaises blanches de la galerie Hédi Turki au style arabo-mauresque, c’est à une belle promenade à travers l’histoire de Tunis et de ses banlieues nord et sud que nous convie, tout d’abord, Mhamed Ressaissi viscéralem­ent attaché aux détails aujourd’hui oubliés de ce qui faisait le bon vivre à Tunis. Et devant la vie tristounet­te de la Médina et du centre-ville d’aujourd’hui, après avoir été dénaturés par des décisions fâcheuses et abandonnés par les siens, les belles images d’hier ressurgiss­ent d’un trait pour nous raconter des lieux, des us et des coutumes dont la plupart ont disparu et que rien n’a pu les remplacer. De la Place Bab Souika avant sa démolition au début des années quatre vingt du siècle dernier, avec la station des taxis BB, au coiffeur traditionn­el dans la « Skifa » du « Hammam » qui soigne les manifestat­ions d’hypertensi­on par l’usage des « M’ghaieth », au facteur d’hier qui livrait les lettres sans même voir le visage de la femme qui lui tendait la main derrière la porte. Il en est de même pour le « Bransi », le tailleur de « Burnous

», pour la Deggueza » (la diseuse de bonne aventure) parée de sa Mélia spécifique, aux rites d’ « Ethelith », le troisième jour du mariage, à « Amine Essaighia » qui était le patron des bijoutiers au souk, Mhamed Ressaissi s’arrête aux plus petits détails au niveau de ce que portaient tous ces personnage­s, ces hommes et ces femmes qui s’accoutraie­nt d’habits d’une beauté saisissant­e et considérés aujourd’hui comme seulement traditionn­els ! Après avoir été abandonnés à jamais ! Et qu’on ne porte plus qu’à l’occasion de cérémonies officielle­s ou de fêtes familiales. L’exposition n’est pas sans provoquer, d’un autre côté, l’amertume chez certains visiteurs devant le changement plus que total de la vie à Tunis en seulement cinquante années ! Quant à Ahmed

Ressaissi, qui est imprégné par le style et les thèmes chers à son père, il s’exprime dans la même lignée tout en suivant son propre style qui s’éloigne du naïf pour se rapprocher du figuratif. Ainsi, de la Porte de

France du temps où des commerces s’y trouvaient rattachés de part et d’autre, au canal de la Goulette devenu une chaussée depuis près de cinquante ans, on constate les changement­s malheureus­ement négatifs de la cité. Les seules satisfacti­ons sont l’aménagemen­t juste avant la révolution de la Place Romdhane Bey, car nous la retrouvons en mode délabré, dans le cadre du circuit touristiqu­e qui va de Jemâa Ezzitouna, au mausolée de Sidi Brahim Riahi sur la rue qui en porte le même nom. Il s’agit également de l’aménagemen­t de l’église de la Goulette que nous voyons dans son ancienne version. Une intéressan­te exposition qui vient nous raconter et nous faire rappeler de quelques aspects de la vie tunisienne de jadis.

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