La Saxe, épicentre de l'extrême droite
Chemnitz, dans l’est de l’allemagne, est depuis plusieurs jours le cadre de rassemblements de l’extrême droite. Une nouvelle manifestation était de nouveau prévue hier, à l'appel de l'afd et du mouvement Pegida. Il ne s’agit toutefois pas d’un phénomène nouveau dans la région. Éclairage. Chemnitz est sous les feux des projecteurs, une soudaine célébrité dont la plupart de ses habitants se seraient bien passés. En effet, cette ville de la région de Saxe, dans l’est de l’allemagne, est depuis près d’une semaine le cadre de manifestations d’extrême droite hostiles aux étrangers et la politique migratoire d’angela Merkel.
A la source de cette flambée de violence, un événement impliquant des réfugiés : le meurtre d’un Allemand de 35 ans, poignardé lors d’une rixe par un Irakien, selon les premiers éléments de l’enquête. Depuis ces faits du dimanche 26 août, des manifestations au cri de « Merkel muss weg » (« Merkel doit partir ») ont été organisées à Chemnitz, mais aussi à Dresde, rassemblant plusieurs centaines de personnes.
Ce Land situé à la frontière de la Pologne et de la République tchèque est toutefois un habitué des faits. Pour Jean-yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite, « il s’agit d’un phénomène
Des manifestants d'extrême droite se rassemblant à Chemnitz assez ancien, qui date des années Depuis la réunification, c’est en postérieures à la réunification ». Saxe que l’extrême droite obtient
Avant 1989, la Saxe faisait partie ses meilleurs résultats électoraux. de la République démocratique Les élections législatives de septembre d’allemagne (RDA), un Etat communiste. 2017 avaient été un véritable « Après la chute du mur, le séisme politique, puisque le parti tissu économique de cette région AFD (Alternative pour l’allemagne), industrielle s’est très rapidement anti-immigration et antimerkel, délité ». Propulsée brutalement dans était devenu la première une société libérale avec un passage force régionale avec 27% des voix à l’économie de marché, « la partie contre 12,6% au niveau national. la plus vulnérable de la population s’est retrouvée déboussolée ».
Aujourd’hui encore, les régions de l’ex-rda font partie des plus précaires d’allemagne, « où la jeunesse a des perspectives de travail très faibles », poursuit le chercheur.
Pour Emmanuel Droit, professeur d’histoire contemporaine à Sciences
Po Strasbourg, « le choc de 1989 a engendré une perte d’identité, qui s’est refermée sur l’allemagne de l’est. L'extrême droite a alors pu prospérer sur ce terrain ». Pourtant, la région compte très peu d’étrangers. Seulement 4,4%, contre 15% dans certaines régions de l’ouest. Pour Jean-yves Camus, ce sentiment de défiance à l’égard des populations issues de l’immigration n’est pas lié au nombre de réfugiés sur place. Mais plutôt à une recherche de bouc émissaire et à une forte culture de l’extrême droite.
Une notion qu’on retrouve dans d’autres pays d’europe, affirme Emmanuel Droit. « C’est pareil en France, en Suède, en Pologne, en Russie… Les trajectoires nationales sont différentes mais le problème de la redéfinition de l’identité est commun ».
« Angela Merkel voulait faire sa rentrée politique sur d’autres thèmes, mais cette actualité va l’obliger à revenir sur sa décision de 2015 d’accueillir des réfugiés », analyse Emmanuel Droit. Une situation périlleuse pour la chancelière, qui avait déjà essuyé plusieurs revers en début d’année alors qu’elle tentait de fonder une coalition gouvernementale. Elle avait finalement réussi en février à trouver un accord de gouvernement entre les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates.