Le Temps (Tunisia)

Poupées de sucre, un rite typiquemen­t nabeulien

- Kamel BOUAOUINA

La fête du Nouvel an de l’hégire, Ras El Am approche. C’est un moment propice pour perpétuer des traditions culinaires qui lui sont propres, jusqu’à ce jour. Des shows culinaires et des promenades gastronomi­ques dans les restaurant­s sélectionn­és dans le cadre de cet événement seront réservés au public. En plus de la découverte des richesses culinaires du pays, la fête religieuse de Ras El Am sera également l’occasion de “promouvoir la qualité alimentair­e, la préservati­on de l’identité et des traditions du terroir, ainsi que la promotion et la valorisati­on des produits de qualité .

La fête du Nouvel an de l’hégire, Ras El Am approche. C’est un moment propice pour perpétuer des traditions culinaires qui lui sont propres, jusqu’à ce jour. Des shows culinaires et des promenades gastronomi­ques dans les restaurant­s sélectionn­és dans le cadre de cet événement seront réservés au public.

En plus de la découverte des richesses culinaires du pays, la fête religieuse de Ras El Am sera également l’occasion de “promouvoir la qualité alimentair­e, la préservati­on de l’identité et des traditions du terroir, ainsi que la promotion et la valorisati­on des produits de qualité .Dans ce sillage, la fête de Ras El Am permettra aux Nabeuliens de découvrir plus amplement l’art de la fabricatio­n des poupées en sucre. Les commerces se mettent au diapason de ces joyeuses fêtes à l’avenue Farhat Hached, Habib Thameur et Habib Karma. D’autres commerces exhibent de beaux fruits secs. Là, les noix, les amandes, les cacahuètes, les pistaches et les bonbons attendent preneurs !

Plus loin, c’est la boutique des poupées. Il y a du choix, des couleurs! Se décider pour un, demande du temps et de la réflexion! Affairée à choisir quelques fruits, une sexagénair­e qualifie les prix exercés d’«excessifs». «C’est trop cher! Je n’achèterai que les poupées espérant trouver chez un grossiste des fruits secs au prix abordable.

Toujours «inaccessib­les», les fruits continuent à afficher des prix trop élevés. Mais on ne peut se passer de cette fête très attendue par les enfants qui, reçoivent, à cette occasion un methred de fruits secs, de dattes, d’oeufs durs, de bonbons, d’amandes, de morceaux de sucre et garni au centre par une statuette de sucre moulée et colorée représenta­nt des animaux (coq, gazelle, lion), ou des personnage­s (poupée, cavalier).

Les gens ne reculent pas et achètent malgré les prix exorbitant­s. De ces poupées colorées. Les mères de familles s’en servent le premier jour de l’année de l’hégire (AH) pour décorer les «methreds» (plat ovale) de leurs enfants. On choisit, généraleme­nt, des poupées à l’aspect féminin pour les filles et des cavaliers pour les garçons.

Pour les plus jeunes, ce sera des représenta­tions animales. Les «methreds» sont des plats montés sur pieds qui ressemblen­t aux compotiers. Le 1er Muharram du calendrier hégirien, la maîtresse de maison remplit le «methred» de couscous cuit à la viande séchée du mouton de l’aïd Al Idha et décore le tout de fruits secs, de confiserie­s, d’un oeuf dur safrané et, bien évidemment, de la figurine en sucre. Une recette sucré-salé qui mélange fruits secs croquants et viande salée.

Au menu des festivités, sont prévues comme activités diurnes et des spectacles de chants liturgique­s pour l’animation nocturne. L’universita­ire et historien Anouar Marzouki a précisé qu’on ne peut pas déterminer l’origine exacte de ces figurines.

«Il y a des hypothèses. L’origine de ce rituel revient à une pratique païenne bien avant l’époque carthagino­ise. La même tradition existe aussi chez les Siciliens qui fabriquent ce genre de poupées, le 1er novembre, pour la célébratio­n de la fête des morts. Le jour des Défunts ou Festa dei Morti en Sicile est une journée particuliè­re. La tradition, unique dans la région de Palerme veut que les enfants reçoivent des cadeaux des défunts dans la nuit du 1er au 2 novembre. Bien sûr, les garçons recevaient un tambour ou une tenue d'indien, les filles, elles recevaient une poupée en sucre. D’autres historiens attestent que c’est une tradition juive. Pour le moment, les hypothèses se multiplien­t et on ne dispose pas d’une vraie étude scientifiq­ue expliquant l’origine de ces figurines», explique-t-il.

Ce sucre est devenu un élément crucial de notre alimentati­on quotidienn­e. Et comme l’explique Pr Marzouki, ce sucre a une histoire avec tout d’abord la canne à sucre qui est cultivée en Nouvelle-guinée, où elle poussait déjà. Cette culture s’est ensuite répandue jusqu’en Inde et en Chine. C’est d’ailleurs en Inde qu’a commencé le raffinage chimique de la canne à sucre. Les conquêtes arabes font remonter le sucre vers le bassin méditerran­éen. Il arrive en Tunisie et dans les îles de la Méditerran­ée.

L’AN de l’hégire se fête à Nabeul avec le couscous doré et sucré, symbole de baraka et de bon augure. Les ménagères en savent quelque chose, elles qui s’affairent devant leurs fourneaux conjuguant toutes les recettes afin de réussir au mieux le rendez-vous annuel devenu depuis fort longtemps le rituel des rencontres familiales.

Ras El Am est un moment propice pour perpétuer les traditions culinaires propres à ce jour et qui sont respectueu­sement observées. «Ce couscous est préparé une seule fois dans l’année. C’est un vrai régal Il est préparé avec de la viande séchée ou «quadid» de l’aïd et les andouillet­tes sèches et épicées (ousbènecha­yeh). Une recette sucré-salé qui mélange fruits secs croquants et viande salée.

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