Donald Trump, un danger pour le soft power américain
On résume bien souvent le soft power au seul domaine culturel. Or, Joseph Nye, inventeur du concept, précise bien que le soft power se rapporte d’une manière générale à la capacité de séduction d’un pays. Cela peut concerner la culture (les séries et le cinéma hollywoodiens apparaissent comme l’alpha et l’oméga en la matière), le sport (on peut penser notamment au Qatar et à ses investissements dans le domaine), mais aussi les politiques publiques, qu’il s’agisse de politique extérieure ou intérieure.
Sur ce dernier point, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’activité de Donald Trump ne se présente pas spécialement comme un atout. Joseph Nye écrit d’ailleurs que la majeure partie du soft power américain a été produit par Hollywood, Harvard et Michael Jordan. Donald Trump a régulièrement affiché son mépris pour les deux premiers et s’est disputé publiquement sur Twitter avec le successeur du troisième, Lebron James. Que ce soit au sujet de la puissance ou d’autre chose, le «soft» n’est visiblement pas ce qui caractérise l’actuel président des États-unis.
Si le soft power a le vent en poupe, il semble néanmoins difficile de mesurer ses effets avec précision. Le but du soft power est en fait de créer une représentation positive du pays dans l’opinion publique des autres pays, ce qui incitera davantage le gouvernement récepteur à adopter des arbitrages favorables au pays émetteur. Lorsque cette représentation est négative dans l’opinion d’un pays, le gouvernement dispose de moins de marge de manoeuvre pour agir favorablement à son égard. Joseph Nye prend ainsi l’exemple du refus de la Turquie d’autoriser des avions américains à survoler son espace aérien au moment de la guerre en Irak. Bien que proche allié des États-unis, le gouvernement turc n’avait d’autre choix que de refuser cet accès à son espace aérien, tant la décision d’intervenir en Irak était mal perçue en Turquie.
La recherche permanente du rapport de force Donald Trump prouve par ses choix que la séduction des autres opinions publiques n’est pas un objectif. Les seules personnes qu’il entend séduire, c’est son électorat, avec son fameux slogan qui lui sert de colonne vertébrale politique et diplomatique:«america First».
Là où Barack Obama mettait souvent en avant son aura et son charisme, notamment à destination des opinions publiques, et cherchait les compromis diplomatiques, Donald Trump joue ouvertement et systématiquement le rapport de force. On le mesure à propos des dossiers coréen et iranien, mais aussi à l’égard de ses alliés, comme L’UE ainsi que le Mexique et le Canada au sujet de l’accord de libreéchange nord-américain (Alena).