Le Temps (Tunisia)

Libres... en théorie !

- Rym BENAROUS

Inspiratio­n

Liberté, j'écris ton nom... Liberté, sur les pages de mon journal, j'écris ton nom et je m'étonne du faible écho qui résonne à mes oreilles, plus de sept ans après la révolution de la «dignité». Que de peuples à travers le monde ont bataillé pour t'arracher des griffes de ceux qui t'étouffaien­t, que de martyrs t'ont offert leurs vies et que de Tunisiens et de Tunisienne­s ont scandé ton nom dans les rues et dans les prisons, parfois sous l'impact des balles et d'autres fois sous la torture.

Liberté, j’écris ton nom... Liberté, sur les pages de mon journal, j’écris ton nom et je m’étonne du faible écho qui résonne à mes oreilles, plus de sept ans après la révolution de la «dignité». Que de peuples à travers le monde ont bataillé pour t›arracher des griffes de ceux qui t›étouffaien­t, que de martyrs t›ont offert leurs vies et que de Tunisiens et de Tunisienne­s ont scandé ton nom dans les rues et dans les prisons, parfois sous l›impact des balles et d’autres fois sous la torture.

Liberté, tu es précieuse et surtout indivisibl­e, n’en déplaise à ceux qui demandent à appliquer une liberté «conditionn­elle» en Tunisie, au bon gré de leurs orientatio­ns idéologiqu­es et de leurs calculs politiques. Liberté, tu es le gouvernail qui guide les navires vers le port de la quiétude et à chaque fois que tu es étouffée et menacée, une tempête se lève et le bateau prend l›eau.

Liberté, ton nom est gravé en lettres d’or dans le coeur des braves et seuls les petits esprits te refusent et rêvent de te ligoter, de te museler, de te restreindr­e. Liberté, quels maux ressens-tu quand une note circulaire appelle les profession­nels de la santé à dénoncer toute grossesse hors mariage et à jeter dans la gueule du loup toutes celles qui ont cru être libres de disposer de leurs corps.

Comment ont-elles osé ? Comment ont-elles osé partager des moments d’intimité avec des hommes, alors que ceci est interdit. Interdit ? Par qui, par quoi ? La constituti­on n’y fait, en aucun cas, référence alors sur quoi ce base-t-on pour pointer du doigt celles qui tombent enceintes sans être mariées. A moins que la base de notre législatio­n soit le texte sacré... Liberté, étouffes-tu quand le directeur d’un établissem­ent scolaire impose aux élèves de sexe féminin de porter des tabliers qui arrivent jusqu’à la cheville, sans quoi elles seraient interdites d’accès et de cours ? Là encore, sur quel texte ce directeur s’est-il basé pour imposer de telles normes restrictiv­es si ce n’est ses propres conviction­s machistes et son regard lubrique lorsqu’il rencontre une jeune fille ?

Liberté, quelle douleur te transperce quand tu sais que des citoyens sont encore persécutés, humiliés voire emprisonné­s pour des délits comme l’amour, la différence, la liberté d’expression, la couleur ou autres.

Liberté, alors que tu es presque jour bafouée, brimée et transgress­ée en Tunisie, je t’admire d’y croire encore et de ne pas avoir baissé les bras. Je sais que tu puises ta force de cette jeunesse fougueuse, de ces femmes déterminée­s, de ces hommes courageux, de ces citoyens libres qui ne feront jamais de concession­s et ne permettron­t aux forces obscuranti­stes de mener le pays vers le bas fond, vers les ténèbres.

Liberté, le chemin est encore très long devant toi en Tunisie, comme ailleurs, et même les grandes et anciennes démocratie­s tentent parfois de te porter de sévères coups. Le chemin est certes long et semé d’embûches mais un pas dans cette direction vaut mieux que mille dans le sens contraire et un jour, les Tunisiens seront libres en théorie et en pratique !

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