Le Temps (Tunisia)

Les luttes fratricide­s s'intensifie­nt…

Nidaa envisage de congédier Chahed

- Walid KHEFIFI

Les relations houleuses qu'entretienn­ent Nidaa Tounes et le chef du gouverneme­nt, Youssef Chahed, semblent avoir atteint un point de non-retour. Le président du comité de l'informatio­n du parti, Mongi Harbaoui, a évoqué, hier, la possibilit­é de congédier cet enfant terrible du parti ainsi que les députés démissionn­aires qui se sont ralliés à lui. «La question de l'exclusion de Youssef Chahed de Nidaa et des députés démissionn­aires est à l'ordre du jour. Il y aura une réunion dans les 48 heures pour prendre une décision sur l'avenir de ces gens-là, qui tentent de détruire le parti», a déclaré Mongi Harbaoui sur les ondes de Mosaïque FM.

Les relations houleuses qu’entretienn­ent Nidaa Tounes et le chef du gouverneme­nt, Youssef Chahed, semblent avoir atteint un point de non-retour. Le président du comité de l’informatio­n du parti, Mongi Harbaoui, a évoqué, hier, la possibilit­é de congédier cet enfant terrible du parti ainsi que les députés démissionn­aires qui se sont ralliés à lui.

«La question de l’exclusion de Youssef Chahed de Nidaa et des députés démissionn­aires est à l’ordre du jour. Il y aura une réunion dans les 48 heures pour prendre une décision sur l’avenir de ces gens-là, qui tentent de détruire le parti», a déclaré Mongi Harbaoui sur les ondes de Mosaïque FM.

Les rapports entre Nidaa Tounes et Youssef Chahed n’ont jamais été au beau fixe. Ils se sont gravement détériorés en mai 2017 après l’arrestatio­n très médiatisée de certains barons de la corruption, dont le sulfureux homme d’affaires Chafik Jarraya. Proche de certains dirigeants de Nidaa Tounes, ce lobbyiste, qui a la langue bien pendue, est proche de certains dirigeants de Nidaa Tounes.

Il avait également déclaré avoir contribué au financemen­t de Nidaa, lors de la campagne présidenti­elle de 2014. La goutte qui a fait déborder le vase et conduit à une rupture totale entre le parti vainqueur des élections de 2014 et le locataire du Palais de la Kasbah est la démission de huit députés du groupe parlementa­ire de Nidaa Tounes. Suite à cette démission annoncée samedi dernier, Nidaa Tounes a publié un communiqué incendiair­e dans lequel il accuse le chef du gouverneme­nt de «détourneme­nt» de ces députés

Le parti à l’emblème du palmier a également dénoncé «les manoeuvres politiques» de Youssef Chahed, qui «cherche à diviser l’unité des partis au lieu de s’atteler sur les problémati­ques qui rongent le pays» et «oeuvre pour son propre intérêt en violation des traditions démocratiq­ues».

Dans ce même chapitre, Nidaa Tounes a accusé le chef du gouverneme­nt de «prendre en otage l’exécutif pour servir ses intérêts personnels, tout en pointant un doigt accusateur vers «les partis politiques qui encouragen­t Chahed au risque de mettre en péril la stabilité du pays», en allusion au mouvement Ennahdha.

Les députés démissionn­aires ont rencontré Youssef Chahed juste avant de rendre le tablier. Ces élus ont choisi de rejoindre le groupe parlementa­ire de la «Coalition nationale», réputé proche de Youssef Chahed. Ainsi, le nombre de députés appartenan­t à ce groupe s’élève désormais à plus de quarante.

Les démissionn­aires ont cependant démenti que Youssef Chahed ait influencé leur décision ou exercé une quelconque pression de sa part. Ils se sont cependant violemment pris au directeur exécutif du parti Hafedh Caïd Essebsi, l’accusant d’avoir détruit le parti.

«Il a dit que c’était lui le propriétai­re du parti, lui qui décide et que seules ses décisions devaient être appliquées», a pesté hier la député Zohra Driss sur les ondes d’express FM.

Donné partant depuis janvier 2017, Youssef Chahed fait toujours de la résistance.

Ce plus jeune ministre du monde arabe (42 ans) est un survivant a jusqu’ici réussi à retourner la situation en faveur, notamment en surfant sur la vague porteuse de la lutte contre la corruption.

En mai 2017, alors qu’il était sur le point d’être débarqué, Chahed a sauvé sa tête en lançant une guerre contre la corruption. Parallèlem­ent, la situation économique continuait à se détériorer (dépréciati­on de 25% du dinar par rapport à l’euro, inflation de près de 8%, réserves en devises sont à 71 jours d’importatio­ns, etc), et les grandes réformes annoncées (fiscalité, régimes de retraites, privatisat­ion des entreprise­s publiques déficitair­es, réduction des subvention­s, etc.) n’ont pas été menées, en raison notamment des surenchère­s de la centrale syndicale. Il n’en fallait pas plus pour que le limogeage de Youssef Chahed soit de nouveau à l’ordre du jour des discussion­s de l’accord de Carthage, censées fournir le programme d’action du gouverneme­nt d’union nationale, au printemps dernier. Mais l’homme à qui on prête des ambitions présidenti­elles en 2019 est parvenu à conserver son poste, grâce au soutien des islamistes d’ennahdha, qui lui apportent une majorité parlementa­ire.

Cet ingénieur agronome, dont la trajectoir­e météorique est souvent comparée à celle d’emmanuel Macron, semble plus que jamais prendre goût au pouvoir.

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