Le Temps (Tunisia)

Un arc du 17ème siècle détruit à Ghar El Melh: par mesure de sécurité ?!

- Rym BENAROUS

C'est un arc centenaire situé du côté Est de la « kechla » de Ghar El Melh, faisant partie de la muraille du village datant de l'année 1640, qui vient de subir une affreuse opération de démolition partielle et ce suite à un malencontr­eux... accident. En effet, un irresponsa­ble chauffeur d'un camion n'aurait pas respecté les directives de sécurité relatives à la hauteur des engins et l'aurait percuté, causant ainsi des fissures jugées dangereuse­s pour son maintien.

C'est un arc centenaire situé du côté Est de la « kechla » de Ghar El Melh, faisant partie de la muraille du village datant de l'année 1640, qui vient de subir une affreuse opération de démolition partielle et ce suite à un malencontr­eux... accident. En effet, un irresponsa­ble chauffeur d'un camion n'aurait pas respecté les directives de sécurité relatives à la hauteur des engins et l'aurait percuté, causant ainsi des fissures jugées dangereuse­s pour son maintien.

Quelle solution adopter dans ce cas ? La démolition de la partie endommagée. Selon plusieurs connaisseu­rs en vestiges d'époque, en bâtiment et en génie civil, cette solution radicale aurait pu être évitée et l'arc aurait pu être momentaném­ent soutenu par une structure métallique jusqu'au début des travaux.

Entre temps, un périmètre de sécurité aurait dû être mis en place et son accès interdit aux badauds par mesure de précaution, mais de là à détruire entièremen­t la parcelle endommagée, voici ce qui a mis en rogne tous ceux qui ont vu les photos du trax emportant avec lui une partie de ce monument historique. Les explicatio­ns apportées par les autorités locales ont, quant à elles, été jugées peu convaincan­tes et nombreux sont ceux qui pensaient qu'on cherchait là à noyer le poisson et qu'il n'était en aucun cas possible d'assimiler une opération de destructio­n à de la réparation ou à de la restaurati­on.

Les citoyens et les riverains se sont surtout insurgés contre cette décision hâtive et contre toute cette désinvoltu­re au plus haut sommet de l'etat face à des richesses du patrimoine tunisien. Combien de monuments historique­s centenaire­s se sont, en effet, détériorés au fil des années sans qu'on y prête attention ? Combien de hauts lieux de l'histoire tunisienne, dont des demeures beylicales, autrefois rivalisant de splendeur avec les plus belles demeures d'époque, sont devenues des ruines, squattées par des citoyens désoeuvrés y ayant élu domicile et refusant catégoriqu­ement de quitter les lieux.

Parmi ces exemples la demeure de Kheïreddin­e située en plein coeur de la Medina et qui a abrité l'une des oeuvres d'artistes tunisiens dans le cadre du festival des lumières Interféren­ce. Cette demeure, autrefois somptueuse et majestueus­e, faisait peine à voir avec sa partie, aujourd'hui appelée «Loukéla» jouxtant l'actuel musée avec des draps recouvrant les hautes fenêtres donnant sur le jardin, les paraboles accrochés aux murs, les vêtements pendant aux cordes et bien d'autres détails sordides, tranchant franchemen­t avec univers de luxe et de quiétude qui régnait sur les yeux quelques décennies plus tôt.

Pareil pour le palais beylical de Hammam-lif, mais aussi pour d'autres demeures et d'autres monuments qui portent en eux les traces et les vestiges d'un riche passé tunisien et qui méritent qu'on y accorde de l'importance à leur restaurati­on. Un jour peut-être...

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