Remue-méninges et remue-ménage
La relation entre citoyens, et sécuritaires a toujours été en dents de scie, et ce en fonction du changement de la conjoncture politique et le régime en place. Durant la période coloniale les sécuritaires recrutés parmi les autochtones craignant pour leurs postes agissaient selon les directives de leurs chefs hiérarchiques. Certains prenaient des risques pour protéger des concitoyens dont notamment ceux qui étaient parmi ces derniers, fichés par les autorités coloniales pour leur militantisme.
Dès l’aube de l’indépendance les sécuritaires étaient censés être les meilleurs garant de la sécurité et de la paix publiques. Toutefois leur action fondamentale était de préserver le prestige de l’etat. Cela constitue une arme à double tranchants, les sécuritaires étant dans l’obligation d’appliquer les directives de leurs chefs hiérarchiques. Celles-ci varient selon la conjoncture du moment et l’action des membres de la société civile, qui ont commencé à prendre conscience de la situation politique surtout les années soixante du siècle dernier et l’expérience du collectivisme qui a échoué et abouti au mécontentement général, ce qui a obligé le gouvernement à durcir le ton, à travers une police de plus en plus répressive.
A la révolution, plusieurs autres tares ont éclaté au grand dont notamment la corruption de certains sécuritaires qui est de nature à ternir l’image de ce secteur censé être parmi les éléments qui consolident le prestige de l’etat et l’ordre public. Ce qui a affecté quelque peu les relations entre sécuritaires et citoyens.
Il n’en reste pas moins que ces éléments ne constituent qu’une minorité qu’il faut combattre afin de redorer le blason des sécuritaires et redonner confiance au citoyen dans un souci de consolidation de la paix publique.
Il faut donc une construction d’une relation nouvelle entre citoyens et sécuritaires, afin de jeter de nouvelles bases d’une paix durable.
Dernièrement, un processus d’élaboration de ce pacte a été lancé dernièrement de l’institut arabe des droits de l’homme lors d’une conférence dédiée à cet effet. Sous l’égide de l’institut arabe des droits de l’homme en collaboration avec la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et la Ligue nationale pour la sécurité et la citoyenneté, cette conférence était une séance de brainstorming ou remueméninges et non un remue-ménage, pour des propositions dans ce sens qui seraient soumises à une consultation élargie avec la participation de l’appareil législatif, des autorités compétentes, de la société civile et du citoyen.
Efficacité
Un tel pacte ne peut être efficace qu’à la condition d’un changement radical de cette mentalité de corruption toujours ancrée chez certains, aussi bien parmi les citoyens que les sécuritaires. Cela fait le beurre de certains escrocs qui plument leurs victimes sous prétexte de graisser la patte à tel sécuritaire ou tel responsable alors que c’est lui qui empoche le magot. Une mentalité qui a nui, aussi bien à l’image des sécuritaires qu’à celle de la justice et du secteur public en général.
Ce brainstorming permettra-t-il enfin de « mettre tout sur la table » afin que toutes les parties concernées puissent faire le point, et tirer au clair une situation de plus en plus confuse ?
Cela permettra d’élaborer un pacte dont le citoyen est partie prenante afin de permettre de redonner la confiance nécessaire à instaurer la paix et la sécurité et éradiquer tous ce qui est de nature à affecter les relations entre les citoyens et les sécuritaires.
Cela ne tient qu’à la conviction de toutes les parties prenante d’un changement radical des mentalités pour jeter les bases solides d’une vraie démocratie en vertu de laquelle tous les citoyens sont égaux devant la loi. Ahmed NEMLAGHI