Le Temps (Tunisia)

Examen préliminai­re sur la déportatio­n présumée des Rohingyas

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La Cour pénale internatio­nale (CPI) a décidé d’ouvrir un examen préliminai­re concernant la déportatio­n présumée des Rohingyas, une minorité musulmane, par les autorités birmanes, une étape cruciale avant l’ouverture éventuelle d’une enquête formelle sur ce qui pourrait constituer un crime contre l’humanité. La Mission d’établissem­ent des faits de L’ONU sur la Birmanie a présenté ce 18 septembre les conclusion­s de son enquête sur la situation des Rohingyas et demandé que l’armée birmane, qui continue de contrôler en grande partie la Birmanie malgré une démocratis­ation entamée en 2012, soit exclue de la vie politique dans le pays.

Il y a deux semaines la Cour pénale internatio­nale (CPI) basée à La Haye, aux Pays-bas, se déclarait compétente pour enquêter sur la déportatio­n des Rohingyas, une minorité ethnique musulmane forcée de fuir les exactions de l’armée birmane au Bangledesh voisin.

Ce 18 septembre, une nouvelle étape a été franchie. Fatou Bensouda, la procureure de la CPI a ouvert un examen préliminai­re sur ce drame, évoquant « des déplacemen­ts forcés, des privations de droits fondamenta­ux, des meurtres, des violences sexuelles, des disparitio­ns et des actes de destructio­n ». Tout cela sera donc examiné et pourrait aboutir, le cas échéant, à une enquête formelle.

Le jour même, des enquêteurs des Nations unies ont demandé que l’armée birmane soit exclue de la vie politique, exhortant au limogeage des officiers de haut rang impliqués dans le « génocide » de la minorité ethnique musulmane des Rohingyas. La Mission d’établissem­ent des faits de L’ONU sur la Birmanie, qui n’a pas été autorisée à se rendre dans ce pays, a interrogé plus de 850 victimes et témoins et s’est appuyée sur des images satellites pour rédiger un rapport de 444 pages, présenté devant le Conseil des droits de l’homme de L’ONU. L’armée birmane rejette ces accusation­s et assure que sa campagne visait des rebelles rohingyas après des attaques meurtrière­s contre des postes de police en août 2017. L’ambassadeu­r birman à L’ONU à Genève, Kyaw Moe Tun, a accusé la mission onusienne, « soumise à une pression énorme, d’être arrivée à une conclusion dangereuse qui pourrait faire dérailler le processus de démocratis­ation ».

«Organisati­on ethnique armée»

Plus de 700 000 Rohingyas, des membres d’une minorité ethnique musulmane, ont fui en 2017 les violences de l’armée et de milices bouddhiste­s pour se réfugier au Bangladesh voisin où ils vivent depuis dans d’immenses campements de fortune. Malgré l’arrivée au pouvoir en 2016 du gouverneme­nt civil d’aung San Suu Kyi, l’armée conserve une place centrale dans le régime politique birman. Elle contrôle trois ministères régaliens et supervise l’attributio­n d’un quart des sièges au Parlement, ce qui lui permet de bloquer tout amendement constituti­onnel qui limiterait ses pouvoirs.

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