Le Temps (Tunisia)

Parole de Président…

- Samia HARRAR

Incessamme­nt, sous peu, on attend. Pas le déluge, pas Godo, mais qu’il parle enfin le président. A son peuple. A tous les Tunisiens qui n’en peuvent plus d’espérer –mais est-ce qu’ils espèrent encore ?- que les choses changent enfin ; qu’ils puissent redevenir fiers, d’être Tunisiens. Et qu’ils ne regardent plus ailleurs, pensifs et las, avec l’idée d’abandonner à leur tour le navire: femmes et enfants d’abord ; car il a pris l’eau de toutes parts, et il serait mensonger d’affirmer chaque jour le contraire, histoire de gagner du temps sur le temps, en attendant justement de voir venir. Mais voir venir quoi? Purée de pois à l’horizon, une sacrée couche, à couper au couteau. Mais il y a un problème: le couteau est ébréché et ses dents sont élimés à force de se coltiner tous les obstacles ambiants. Alors ils attendent. Qui? Les Tunisiens. Quoi au juste? Que leur président énonce des paroles décisives, qui pourront, sans mentir, changer le cours des choses. Et faire renaître l’espoir. C’est qu’il a tendance, de plus en plus, à s’inscrire aux abonnés absents. L’espoir. Il faudrait qu’il soit de mise. Comme le rêve. Puisqu’il s’avère si difficile, aujourd’hui en Tunisie, de continuer à rêver. Lorsqu’il s’exprimera sur El-hiwar Ettounsi, il ne faudra surtout pas qu’il dise: «je vous ai compris!». Ce ne serait pas, à proprement parler, une très bonne idée. Ce serait même, un tantinet, irraisonna­ble. Voire, suicidaire. Quand il parlera le président, il faudrait qu’il se rappelle, qu’il a été élu pour que les choses changent. Au mieux. Est-ce que les choses ont changé, au mieux? Il faudra qu’il y réponde. C’est son devoir de Président.

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