Le Temps (Tunisia)

Ce qu’il faut comprendre…

- Samia HARRAR

C’est qu’il n’y a rien à comprendre. A part le fait que la rupture soit consommée. Avec Ennahdha. De quelque façon que cela soit, un signal a été donné. Qu’il faudra interpréte­r comme cela se doit. Avec parcimonie ? Avec une main sèche et brûlante…

Du reste, il était temps. Comment dire : pour se (re)positionne­r ? Exprimée d’une manière sibylline, laquelle est d’ailleurs la marque de fabrique du Président, l’annonce de cette rupture, s’il en est, ne jettera pourtant pas un pavé dans la mare, tous les regards convergean­t plutôt sur les deux axes : Hafedh et Chahed, entre les mains desquels, selon qu’ils partent ou qu’ils restent,-décidément c’est une idée fixesemble reposer le destin du pays.

D’une chiquenaud­e, pourtant, BCE envoie valdinguer ces hypothèses, qui tiennent la route, ou pas, selon que l’on regarde par un bout de la lorgnette ou l’autre, pour remettre l’épicentre du débat, s’il en est, et qui serait son point culminant, sur ce «rétropédal­age» en rapport avec le fameux consensus : Nahdha-nidaa, qui pourrait faire effet de cyclone, mais qui ne provoque rien du tout, à part un retour flegmatiqu­e le lendemain, de la part des «ayants droits» d’ennahdha, sur la solidité des rapports entre le locataire de Carthage et celui de Montplaisi­r. Pour l’intérêt de la nation (sic).

«La patrie avant les parties», a encore asséné Béji Caïd Essebsi, qui n’y va pas avec le dos de la cuillère, par ailleurs, en réitérant son invitation au Chef du gouverneme­nt, de se présenter devant le Parlement, pour un vote de confiance, censé venir équilibrer la donne.

Fatigué, démissionn­aire le Président ? L’interview en direct sur la chaîne El-hiwar témoignera du moins, de la pugnacité d’un politicien, à qui on ne la fait pas, et à qui il s’avère difficile de forcer la main, sur un sujet ou sur un autre, sachant qu’il laisse quand même, avec l’épée de Damoclès suspendue sur la tête de Chahed, et la possibilit­é d’en user le cas échéant, la porte ouverte à toutes les supputatio­ns.

Pour autant, et cela aura le mérite d’être clair, histoire d’user du poil à gratter, envers son allié d’hier –Ennahdha-, il n’infirmera pas la possibilit­é de briguer un autre mandant lors des élections de 2019. Juste une façon de noyer le poisson, en attendant les prochaines échéances, sachant qu’étant passé maître dans l’art de l’esbroufe, il aurait été difficile de lui damer le pion.

Pour le reste, à savoir le sort du pays, et l’éventuelle sortie du tunnel, BCE semble avoir voulu nous dire, s’adressant à son peuple, que justement, s’agissant de la sortie du tunnel, il faudra attendre le passage d’un autre train. Largué en quai, le peuple ? Il sait au moins que le convoyeur est encore dans le train…

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